Un braquage dans la cambrousse états-unienne avec une bande de clowns aux commandes ? Il n’y avait que Steven Soderbergh pour se lancer un tel défi avec Logan Lucky… et c’est le jackpot !
Soderbergh is back
Mesdames, messieurs, Steven Soderbergh est de retour ! Non pas qu’il ait disparu mais son dernier long-métrage remontait à 2013… Durant ces quatre années de sinécure, le réalisateur d’Ocean’s Eleven, Erin Brockovich ou encore Magic Mike nous concoctait Logan Lucky. Avant d’aborder le film, quelques mots sur la trilogie Ocean, l’une des oeuvres les plus abouties de Soderbergh. Certes, ce n’est pas du cinéma d’auteur mais le bonhomme a un sacré talent lorsqu’il s’agit de filmer un braquage. Si Ocean’s Twelve joue dans la surenchère et Ocean’s Thirteen pousse le bouchon un peu loin, le premier Ocean’s Eleven est un exemple en matière de film de braquage. Bien rythmé, avec de bons rebondissements et un casting de haut vol. Du coup, j’étais excité à l’idée de découvrir Logan Lucky, une version nettement moins raffinée du genre. Et pourtant…
Les Ch’tis en Amérique
Tout d’abord, je m’excuse auprès de nos lecteurs ch’tis. Ce jeu de mot de mauvais goût joue en effet sur des clichés indélébiles à cause de la télé-réalité. Sachez toutefois qu’après l’univers très raffiné des Ocean’s, Logan Lucky change drastiquement de contexte. Exit le bling bling et les cambrioleurs classes et élégants, bienvenue dans les USA de Trump, et plus particulièrement en Virginie occidentale. Des coutumes à la musique, en passant par son accent improbable, le film suinte le Sud américain. Les traits sont aussi gros que nombreux : les fillettes qu’on inscrit à un concours de beauté, la soeur des frères Logan qui porte des moitiés de vêtements, la femme remariée qui se promène toujours un verre en main en profitant de la fortune de son benêt de mari…
En fait, Logan Lucky, c’est presque une parodie 2017 de Shérif, Fais-moi Peur. Et si je ne peux scruter l’esprit de la scénariste Rebecca Blunt, je soupçonne une volonté de grossir les traits pour donner un cachet au film. Ainsi, tous les personnages donnent l’impression d’être aussi futés que les frères Malloy de Ocean’s Eleven. D’autant que Logan Lucky dispose de son propre duo fraternel décalé (je vous laisse imaginer). Et si le poster de 3 Doors Down (le groupe qui a joué à l’investiture de Trump, ça ne peut pas être un hasard !) constitue la cerise sur le gâteau, ne vous y trompez pas. Logan Lucky trace aussi un portrait plus attachant, familial de l’Amérique rurale.
Logan Funny
Fatalement avec un cadre pareil, l’humour ne peut être que prégnant. Et excellent. J’ai pouffé de rire seul comme un idiot à plusieurs reprises durant la projection. Un humour fin, crédible, léger et très humain, en dépit des traits forcés qui s’insinuent très bien dans le script. C’est bien là la force de Logan Lucky, une gestion de personnages iconiques – comme Ocean’s Eleven – et de leurs traits de personnalité qui donnent lieu à d’excellentes plaisanteries. Prenez le frère Lucky vétéran, par exemple. Ce barman parano qui raconte à qui veut l’entendre qu’une malédiction a frappé sa famille. Ce profil donne du relief au personnage et conditionne son attitude, ses mimiques et les blagues le touchant. Soderbergh est passé maître dans l’art de mettre en scène tous ces éléments et le confirme avec ce film.
Oubliez George Clooney
Cet humour doit donc beaucoup à l’excellente prestation des acteurs. Channing Tatum s’avère ainsi touchant dans le rôle du père divorcé, pas très malin et licencié, qui “a un plan”. Celui de braquer une course NASCAR, dans le but de rester près de sa fille qui va déménager. Farrah Mackenzie, qui incarne la fille, est tout aussi attachante, tandis que l’oncle, Adam Driver, est magistral. L’acteur n’est pas très expressif, si bien que le rôle du barman pas très futé lui colle à merveille. Bravo aussi à l’artiste pour sa gestuelle parfaitement maîtrisée, qui renforce l’air idiot qu’il se donne avec des mouvements incomplets ou ralentis. Malgré son attirail sexiste (mais je pense encore une fois que c’est voulu), Riley Keough est très convaincante dans le rôle de la soeur Lucky, qui est toujours présente pour épauler ses frères et n’a pas peur de se salir les mains.
La vedette reste néanmoins Daniel Craig, qui dénote furieusement avec le James Bond qu’on lui connaît et confirme son talent d’acteur polyvalent. Il incarne un taulard friand d’oeufs bouillis qui gère aussi bien la chimie que l’accent US rural. Enfin, deux caméos notables : Sebastian Stan dans le rôle du pilote new age vegan en phase avec son corps et son esprit. Et Seth McFarlane, dans un rôle hilarant, bien que très typé (pas sûr que tout le monde apprécie).
Le braquage des bras-cassés
Je le répète : Steven Soderbergh a un véritable talent pour filmer des braquages. En l’occurrence, un braquage qui semble être organisé par une bande de paumés – oubliez les plans sophistiqués de Danny Ocean – avec un système D. Non, un système Z, même ! Pour autant, Logan Lucky construit lentement et sûrement l’histoire, avec des séquences énigmatiques et des rebondissements percutants, ponctués de salves d’humour dévastatrices. Le film joue également sur la trépidation de voir ces braqueurs amateurs complètement foirer, le tout enchevêtré dans une alternance des scènes qui donnent à Logan Lucky un excellent rythme. On ne voit pas les 2 heures passer et on ressort complètement satisfait de la salle.
Logan Lucky, excellente comédie de fin d’année
Pour être tout à fait franc, je ne m’attendais pas à passer un si bon moment avec Logan Lucky. Pourtant, le film de Soderbergh m’a fait l’effet d’une belle surprise, celle que j’attendais d’un Baby Drivier plus mitigé. Humour percutant, casting convaincant, braquage rocambolesque et réalisation bien rythmée, Logan Lucky réunit tous les bons ingrédients pour devenir l’une des meilleures comédies de l’année. Je ne peux que vous inciter à aller le voir et, s’il vous a plu (ou pas), à partager vos commentaires ci-dessous. D’avance, bon visionnage !
Plus d’infos sur le site officiel du film de Logan Lucky.
En attendant, je vous dis à bientôt sur Sitegeek.fr,
Musa
Bande-annonce