En voyant les bandes-annonces, on s’est tous posé la question. Les films de super héros solo, est-ce que ça marche toujours en 2016 ? J’aimerais dire oui car la projection de Doctor Strange à laquelle Disney nous a conviés fut un bon moment de distraction. Je me dois cependant d’être honnête. Sans être mauvais, Doctor Strange n’en reste pas moins décevant à certains égards.
Doctor Strange, l’Iron Man de 2016
Assis confortablement sur mon siège, j’étais prêt à regarder Doctor Strange… vous savez, le nouveau film du Marcel Cinematic Universe (MCU) ? Mais si, celui avec Benedict Cumberbatch qui joue le sorcier imaginé par Stan Lee ! Non, je précise parce qu’au bout de 20 minutes, j’avais l’impression de revoir Iron Man, le film de 2008 avec Robert Downey Jr. [Attention, spoilers mais pas trop…] On se retrouve donc avec un playboy riche, arrogant, égocentrique, cultivé en culture pop (musique, en l’occurrence), plutôt bel homme, sexiste sur les bords et anti-conformiste. Suite à un accident traumatisant, ce pauvre docteur souffre de séquelles physiques et psychologiques qui l’empêchent d’avancer. Il se rabat alors sur une solution désespérée qui le lance dans un voyage initiatique. Il se découvre une morale et des pouvoirs pour lutter contre les vilains-pas-beaux. Regardez Iron Man, c’est la même chose !
Dans l’absolu, est-ce bien grave ? Non. Doctor Strange reste parfaitement divertissant. Mais quand on le met en perspective, on ne peut passer à côté de quelques soucis. Iron Man est sorti en 2008. Doctor Strange en 2016. Le premier était un pari risqué qui a porté ses fruits et ne devait pas tenir la comparaison avec des films tels que Avengers ou Captain America : Civil War. Même ce dernier a compris qu’il ne pouvait plus compter uniquement sur le capitaine pour maintenir l’intérêt du public. Et si l’humour propre aux films du MCU s’insinue discrètement et habilement dans Doctor Strange, celui-ci ne suffit pas à masquer les défauts du film. Il aurait pourtant suffi d’une écriture plus approfondie du personnage et d’une autre narration que le sempiternel voyage initiatique pour épargner au film cette désagréable sensation de déjà-vu.
Figurants, assemble !
Des personnages plus soignés auraient permis à la trame de s’élever. Hélas, en dehors de Cumberbatch qui nous livre une prestation réussie de Doctor Strange, les acteurs peinent à convaincre. Quel dommage de gâcher des talents tels que Mads Mikkelsen dans le rôle du méchant insipide et peu intimidant ou encore Chiwetel Ejiofor dans celui du… en fait, son rôle n’est même pas clairement défini. Quant à Rachel McAdams, elle est presque reléguée au rang de figurante, malgré l’importance théorique de son alter ego. Le personnage le plus décevant reste néanmoins Tilda Swinton, qui avait déjà suscité l’hilarité de la plèbe virtuelle sous ses airs parodiques de Morpheus.
Si l’écriture a joué un rôle essentiel dans le mauvais traitement de ces personnages, le temps n’y est pas étranger. En 1h50, impossible de retracer l’initiation du héros, d’aborder les différents personnages, de multiplier les allusions au MCU et de placer soigneusement toutes les pièces du puzzle pour un résultat digeste. Du coup, en dehors de la vitesse fulgurante à laquelle évolue la trame, les interactions entre les différents personnages se révèlent trop superficielles pour que le spectateur prenne leurs implications au sérieux. D’ailleurs, s’il semble évident que Doctor Strange sert à introduire le personnage dans le MCU, j’étais sérieusement surpris de lire “Doctor Strange will return” à la fin du générique. Cela étant, la prestation Cumberbatch et la promesse d’un meilleur scénario peuvent redorer le blason du héros.
Visuellement magique !
Un dernier mot sur les effets spéciaux et l’esthétique générale de Doctor Strange. Comme le laissaient présager les trailers, les effets spéciaux sont tout simplement superbes. Outre le clin d’oeil prononcé à Inception, les pouvoirs magiques des sorciers jouissent des plus beaux effets lumineux, avec une gestion de la physique à donner le tournis. Presque littéralement d’ailleurs, puisque le film en abuse parfois, au point de rendre l’action illisible. Certes, les sorciers sont capables de manipuler la réalité à leur guise mais était-il bien nécessaire de nous en faire voir de tous les côtés et en 3D ? Un excès confus qu’on pardonne facilement, même s’il prend le pas sur la chorégraphie des combats, qui auraient gagné à être plus mis en avant. Quoi qu’il en soit, ces nouveaux pouvoirs apportent une bouffée d’air frais dans un amas de lasers et de force surhumaine dont on commençait à se lasser.
Divertissant, sans plus…
À la relecture de ma critique, je me rends compte que j’ai sévèrement descendu le film. Pourtant, Doctor Strange n’est pas mauvais en soi. Il manque juste d’ambition et de prestance face à un marché qui a bien trop évolué pour reprendre les codes de 2008… Aussi, je vous invite à prendre conscience de ce que propose le dernier-né des studios Marvel. Un film visuellement impressionnant, une trame lambda, un humour efficace et une lutte du bien contre le mal bien huilée. Le tout avec les événements cosmiques qui se préparent pour boucler la phase 3 des aventures des Avengers. En gros, si vous avez aimé les autres films solo de super héros, il y a de fortes chances que vous appréciez celui-ci également. Reste qu’à force de toujours boire la même soupe, on finit par se lasser. Disney, si tu nous lis…
Si vous aussi, vous avez vu Doctor Strange, n’hésitez pas à nous laisser votre avis en commentaires.
Plus d’infos sur le site officiel du film Doctor Strange
Et que la Force soit avec vous (ben oui, tant qu’à s’inspirer des autres films…),
Musa
Doctor Who ?
Bande Annonce :
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