Des voitures, des courses-poursuites et de la musique dans un film de qualité et sans Vin Diesel ? On n’y croyait plus… Sans être le film le plus abouti d’Edgar Wright, Baby Driver est un bon divertissement jonché de quelques pépites !
Gros virage pour Wright
Si je vous dis Edgar Wright, vous pensez forcément à Shaun of the Dead, Hot Fuzz et Le Dernier Pub avant la fin du monde (ou “la trilogie du Cornetto“). Si le bon goût est votre ami, Scott Pilgrim devrait aussi vous traverser l’esprit. Quel point commun ont tous ces films ? Edgar Wright, bien sûr, mais aussi – et surtout – une histoire complètement déjantée et qui tient pourtant la route. C’est cet équilibre entre des personnages attachants et une saine dose de folie qui a inscrit ces films dans le patrimoine geek. À l’annonce de Baby Driver, les fans du réalisateur ne pouvaient que se réjouir. Enfin un film d’action dirigé par ce chef d’orchestre si singulier ! En sortant de la salle de projection, je dois avouer que je suis resté sur ma faim car Baby Driver peine à trouver son identité.
Où est Simon Pegg ?
L’un des facteurs comiques de la trilogie du Cornetto, c’est la présence de Simon Pegg et son acolyte Nick Frost. Leur absence se voit compensée par un Kevin Spacey et un Jamie Foxx sous-exploités. Comptant chacun l’une ou l’autre séquence hilarante, les personnages auraient clairement pu donner plus de substance à la dimension absurde du film. Le souci, c’est que Baby Driver oscille entre un cadre trop sérieux et quelques scènes complètement barrées. Ce déséquilibre se ressent et le spectateur ignore parfois s’il doit rire ou être choqué devant une scène par exemple violente. Cette même violence qui, malgré sa présence dans les autres films du réalisateur, semble bien plus intense et crue ici. Difficile donc de savoir sur quel pied danser en regardant Baby Driver.
Cette absence d’identité est amplifiée par le personnage principal, Baby, incarné par le jeune Ansel Elgort. Un choix qui se tient mais un acteur et un personnage beaucoup trop tendus pour jouer avec cet équilibre sérieux/absurde déjà mal géré du film. Les autres acteurs remplissent correctement leur rôle, y compris Lily James qui incarne le love interest de Baby. Là encore, on ne sait trop si l’histoire d’amour un brin précipitée du film est volontairement cheesy (désolé pour les anglicismes) ou s’il s’agit d’une maladresse de la part de l’auteur. Le problème, c’est que les codes utilisés ainsi que le déroulement de l’histoire renvoient à une comédie romantique des années 90. Et le fait qu’on ne sache pas directement si c’est voulu ou non perturbe.
Baby Runner
Les faiblesses scénaristiques dans un film d’action, c’est normal (même si c’est dommage). En revanche, quand le film en question fait toute sa pub autour de son pilote de la mort qui tue, se contenter de deux ou trois scènes en bagnole, c’est peu. Surtout quand l’une d’elles se retrouve presque intégralement dans la bande-annonce… Heureusement, ces scènes sont superbes et le talent d’Edgar Wright est vraiment mis à profit dans Baby Driver. On est loin des séquences explosives et rocambolesques d’un Fast & Furious. Le mouvement de la caméra, les plans, les effets de vitesse et la crédibilité de l’action transpirent l’authenticité. Celle qu’on ne retrouve qu’avec un cascadeur de talent au volant.
Les autres scènes d’action s’en sortent plutôt bien aussi. Baby n’est pas seulement un as du volant, il gère aussi la course à pied et un soupçon de parkour. Une scène de course-poursuite à pied bénéficie de ce même soin et on regrette qu’Edgar Wright n’en propose pas plus. Le reste du film jongle avec les scènes romantiques et ces quelques moments de délire bien trop peu nombreux au vu de leur qualité.
Ma vie en musique
Si l’action est bien maîtrisée, c’est aussi grâce à son enrobage musical. La musique est effectivement une constante dans Baby Driver, justifiée par le scénario. Le personnage d’Ansel Elgort porte toujours quelques lecteurs sur lui et ne décroche pratiquement jamais ses écouteurs de ses oreilles. Ce qui permet au spectateur d’écouter James Brown, Queen, The Steve Miller Band, Button Down Brass, Simon & Garfunkel ou encore Blur (et d’autres…) au gré de l’image. La tracklist éclectique se calque en effet sur l’ambiance du moment, ce qui donne un certain cachet au film. On a quelques fois l’impression que le trait est forcé – tandis que l’acteur principal est un peu plus fade quand l’action se tasse – mais dans l’ensemble, ça marche. Ça roule, même !
Baby Driver porte bien son nom
Je me lance dans une métaphore oiseuse mais oui, Baby Driver porte bien son nom. Une oeuvre qui n’a pas assez mûri, voilà ce que je retiens du film d’Edgar Wright. Clairement un cran en dessous de ses aînés, Baby Driver accuse un trop plein de “trop peu”. Trop peu de courses-poursuites et trop peu de ce délire si rafraîchissant. Baby Driver est loin d’être un mauvais film pour autant mais il ne marquera pas les esprits. Considérez-le comme un bon film pop-corn, très divertissant et permettant de passer un moment agréable et avec de la bonne musique. Que demander de plus ?
Plus d’infos sur le site officiel du film de Baby Driver.
Si vous avez vu le film et pensez que j’ai manqué quelque chose, de grâce, éclairez-moi !
En attendant, je vous dis à bientôt sur Sitegeek.fr,
Musa
Bande-annonce