Après la prélogie Star Wars et le Hobbit, la saga Harry Potter a trouvé sa préquelle sur grand écran. Et les critiques adressées à Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald ne sont pas sans rappeler une certaine menace fantôme…
Harry Potter et la saga pas canon ?
Sachez que je suis un inconditionnel des livres Harry Potter. Le genre qui regarde les films juste pour les démonter, à tel point que mes proches refusent de les visionner avec moi (snif). Pour autant, j’ai passé un bon moment avec Les Animaux Fantastiques et sa suite, Les Crimes de Grindelwald. Étrange, non ? Après tout, même si cette nouvelle saga n’est pas adaptée d’oeuvres existantes, elle s’inscrit dans la continuité de films médiocres (si, si, ils sont pourris les films Harry Potter, cherchez pas !). D’autant que Les Crimes de Grindelwald commet des impairs vis-à-vis de la mythologie littéraire de Harry Potter. Mais bizarrement, ça colle avec les films précédents et ça s’en éloigne suffisamment pour ne pas être trop imprégné par leur médiocrité (pourris, je vous dis !).
Par ailleurs, difficile de réfuter le côté canon quand c’est Rowling elle-même qui scénarise. Mais de toute évidence, elle-même se base sur la mythologie dénaturée des autres films, sans quoi il faudrait relever une flopée d’incohérences. Un exemple, sans spoiler : Les Crimes de Grindelwald se déroule dans les années 20. Dans un flashback, on aperçoit McGonagall en tant que prof à Poudlard. Or, dans les livres Harry Potter (soit dans les années 90), on apprend qu’elle enseigne “seulement” depuis une trentaine d’années. Petit problème de math élémentaire. Mais les films, eux, n’abordent jamais cette question. D’où l’importance de considérer Les Crimes de Grindelwald comme une préquelle des films, et non des livres. Quant aux fans des bouquins : faites abstraction. Ce n’était pas possible avec la saga originale qui travestissait les bouquins, mais ça marche ici car on aborde une histoire inédite.
Où sont les animaux ?
Passé cet exercice mentale, le film devient tout de suite plus cool. Il divertit, propose quelques effets spéciaux éblouissants (d’autres, moins) et nous raconte tant bien que mal son histoire. Commençons par le “mal” : outre les incohérences par rapport aux livres qu’on peut oublier, Rowling ajoute ici beaucoup d’informations qui modifient complètement notre compréhension de l’univers Harry Potter (même des films). Il est perturbant de repenser de manière assez profonde le fonctionnement de certains mythes de la saga. L’idée peut paraître légitime, mais son exécution nous donne la désagréable impression que de nombreux éléments ne sont présents que pour verser dans le caméo facile et le clin d’oeil à deux balles. Dommage.
Quant au “bien”, il y a évidemment les douces retrouvailles avec Pourdlard, même pour quelques minutes, qui nous plongent dans un cadre familier et réconfortant. L’occasion aussi d’établir un lien avec les films Harry Potter et ainsi devenir officiellement une préquelle, contrairement au premier volet qui servait de simple introduction. Le revers de la médaille (qu’on appréciera ou non), c’est qu’on se demande encore s’il est question d’animaux fantastiques, sachant que ces derniers occupent une place secondaire dans une trame qui prend une tournure plus sombre et introduit la guerre des sorciers contre Grindelwald. Quoi qu’on en pense, cette évolution me semble tout à fait réussie, je suis sorti de la salle avec une forte envie de savoir ce que nous réservait la suite. Méfait accompli !
Capitaine… Capitaine Grindelwald !
Pour que le sombre mayonnaise prenne, il fallait un méchant à la hauteur. Et le moins que je puisse dire, c’est que pour le genre, Gellert Grindelwald est un très bon antagoniste. Nettement plus charismatique en 20 minutes que Voldemort sur 4 films (la faute au choix de casting – Ralph Fiennes – et son design bien moins effrayant que dans les livres… #fanboy). Non seulement Grindelwald dispose d’une aura bien plus rayonnante que Celui-Dont-Le-Nom-Tout-Ça, mais en plus il s’éloigne du cliché éminemment maléfique pour proposer un discours politique qui a le mérite d’exister. Pour rappel, Voldy voulait juste être immortel. Heureusement, Grindelwald peut compter sur la prestation convaincante d’un Johnny Depp en bonne et due forme.
Autre choix de casting judicieux : Jude Law, qui joue un Albus Dumbledore plus jeune, plus fougueux mais toujours aussi sournois, à concocter secrètement un plan dont lui seul voit les ramifications. Certains choix scénaristiques concernant le personnage peuvent laisser perplexe (notamment sur son futur duel avec Grindelwald) mais l’acteur porte avec brio le lourd poids qui pesait sur ses épaules. Il m’a même permis d’oublier la version charlatan de l’illustre sorcier incarné par Michael Gambon (R.I.P. Richard Harris). Le reste du casting manque clairement de prestance face à ces deux rôles (est-ce bien surprenant ?). Difficile aussi de jauger Zoë Kravitz, dont le personnage souffre d’une écriture confuse, tout comme Alison Sudol qui peine à susciter la moindre empathie.
Difficile d’aborder le casting sans compter le nombre de personnages pseudo-importants, ce qui rend la trame illisible par moments. On en viendrait presque à oublier le trio de tête des Animaux Fantastiques, devenu secondaire dans cette suite. Le gimmick timide et touchant, qui rendait Newt Scamander attachant dans le premier volet, a perdu de sa superbe. L’acteur Ed Redmayne remplit sont cahier de charges mais en devenant un personnage presque superflu, il perd de son impact. Un constat similaire pour Tina Goldstein, malgré la prestation correcte de Katherine Waterston, et le side-kick rigolo campé par un Dan Fogler à peine passable. Enfin, la pire prestation reste celle d’Ezra Miller, qui confirme après Justice League sa difficulté à incarner certains personnages et nous refourgue un mal-aimé constipé censé titiller notre sympathie (ou pas).
Habemus préquelle
Dans l’ensemble, Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald m’a convaincu. Il m’a replongé dans un univers que j’apprécie, tout en me faisant oublier (en partie) l’affront des film Harry Potter, mais en plus il m’a donné envie de connaître la suite. Tout en se rapprochant de la saga originale, cet épisode dessine les contours d’une nouvelle épopée, finalement plus sophistiquée que son aînée. Une redistribution des cartes telle qu’on en vient à se demander s’il est toujours question d’animaux fantastiques et si le casting de base est toujours pertinent. Reste que la guerre approche à grands pas, et j’ai envie d’être là quand elle éclatera. Rendez-vous en 2020 !
À bientôt sur Sitegeek.fr,
Musa
Bande-annonce
Que c’est bon de réentendre ces sorts « Alohomora », « Accio », « Petrificus totalus » 🤤… ! Et surtout, quel plaisir de replonger dans cet univers magique créé par J.K. Rowling.