Ken de l’école Hokuto débarque sur PlayStation 4 dans un jeu qui goûte le Yakuza, sonne le Yakuza, ressemble à Yakuza mais n’est *pas* Yakuza. Bienvenue dans l’univers impitoyable de Fist of the North Star : Lost Paradise.
Un après-midi avec Fist of the North Star : Lost Paradise sur PS4
À l’annonce d’un nouveau jeu Ken le Survivant, j’étais perplexe. Je gardais en mémoire les tentatives ratées de KOEI Tecmo qui devaient redorer le blason Hokuto dans un musô peu inspiré. Par contre, savoir que Ryo ga Gotoku Studio était aux commandes a piqué ma curiosité. En bon fan de la série Yakuza, qui a toujours su donner une brutale élégance à la baston, j’avais hâte de découvrir son interprétation du survivant de l’Enfer. Hélas, le CV du studio nippon a semble-t-il très vite posé les limites de Fist of the North Star : Lost Paradise, un jeu globalement jouissif mais extrêmement quelconque, même pour les fans de l’oeuvre de Tetsuo Hara et Buronson.
Fist of the Yakuza
Dès les premières secondes, le constat est sans appel. Fist of the North Star est un skin de Yakuza. L’interface, la carte, le game design, les mini-jeux, l’ambiance (même le doublage du héros !) viennent de la série de Toshihiro Nagoshi. On comprend ainsi que le jeu s’adresse à un public de niche, amateur du manga. Ce qui nous permet d’aborder les combats emblématiques de Hokuto no Ken. Les animations et bottes spéciales s’éloignent des affrontements plus lourds et massifs de Yakuza. Plus fluides, ils en gardent toutefois la brutalité. Et le gameplay ! On martèle donc la touche carré en parsemant des coups de triangle pour les coups plus puissants. La seule vraie nouveauté, c’est la touche rond qui sert à hébéter ses ennemis pour leur asséner un finish move qui se solde généralement par une implosion. Le tout au doux son de : “Tu es mort, mais tu ne le sais pas encore” précédé d’une volée de “tatatatatatatatatatata !”.
Et quand rien ne va plus et que la jauge en forme de cicatrice abdominale se remplit, Kenshiro passe en mode Burst, où il tombe la chemise et porte des coups plus puissants. Bref, on retrouve l’esprit du manga, pour le plus grand plaisir des fans. Reste que le gameplay s’essouffle assez vite, malgré un système de progression composé de sphères qu’on gagne avec de l’XP et qu’on dépense sur des grilles réparties en plusieurs catégories (attaques, condition physique, Burst mode, etc.). D’autant que l’immersion en prend un coup lors des implosions artistiquement réussies mais dont les grossiers et ridicules giclements de sang n’ont aucune crédibilité. Enfin, les combats de boss – peu inspirés – donnent lieu à de très jolies animations chorégraphiées comme dans l’anime à coups de QTE.
Pas facile de s’amuser en Enfer
Comme dans un bon Yakuza, Fist of the North Star : Lost Paradise ne se limite pas à ses combats. Sauf que contrairement au pseudo-polar mafieux, le jeu manque cruellement d’engagement dans ses quêtes secondaires, qu’on abandonne vite. Quant aux multiples mini-jeux, autant dire qu’on frôle le mauvais plagiat. On peut donc devenir serveur dans un bar (j’ai mal à mon Kenshiro), jouer au golf (post-apo oblige, avec une poutre en métal et des mortards en guise de balles) ou encore flamber son pognon au casino. Clairement, ces activités peuvent être amusantes mais manquent de subtilité et de finition, si bien que le gameplay annexe de Fist of the North Star devient rébarbatif. Ce qui est embêtant, car plus on varie les “plaisirs”, plus on progresse, ce qui n’est pas du luxe si on opte pour un mode de difficulté élevé où les combats, en plus d’être rédhibitoires à la longue, peuvent devenir ardus.
L’un dans l’autre, la cité-pas-si-paradisiaque d’Eden manque du dynamisme des villes quartiers mis à l’honneur dans les derniers Yakuza. Même les gimmicks qui s’en inspirent, comme le bar à hôtesses ou le Colisée (où l’on affronte des ennemis à la chaîne pour exciter les foules), peinent à fidéliser le joueur. Et si quitter Eden est une option, elle reste peu enviable. Tout d’abord car elle implique un buggy impossible à piloter, mais en plus parce que les activités qui y sont prévues n’ont rien de particulièrement alléchant. J’entends bien le besoin de proposer un univers post-apocalyptique désertique mais tout de même, un brin de vie n’eût pas été du luxe. Bref, Eden, tu l’aimes et tu la quittes pas !
Je ne suis pas mort !
Bon, je me rends compte que je suis sacrément sévère avec ce Fist of the North Star : Lost Paradise. Or, j’ai tout de même pris un certain plaisir à parcourir l’aventure. Le jeu reste jouissif, à condition d’aimer l’oeuvre dont elle s’inspire. Outre les combats qui transpirent le Survivant de l’Enfer, la direction artistique rend un bel hommage du crayon de Tetsuo Hara. Techniquement, en revanche, on se retrouve un cran en dessous de Yakuza 6 (le jeu utilisant, pour une raison incompréhensible, l’ancien moteur de la série). Entre les textures qui datent, les cheveux en plastique et enfin les animations faciales figées lors des dialogues, sans compter un personnage aux animations lourdes, on peut regretter le manque d’engagement dans le développement du jeu. Mais l’illusion de baigner dans l’univers de Hokuto no Ken compense grandement ces vilains défauts.
L’immersion se voit par ailleurs renforcée par d’excellents doublages japonais (sous-titrés uniquement en français, tant pis pour les non-anglophones), grâce un casting qui donne vie à ses avatars. C’est d’ailleurs Takaya Kuroda (Kiryu) qui prête sa voix à Kenshiron (décidément, ils n’ont vraiment pas cherché loin !). Dommage que la BO reste en retrait, avec des thèmes quelconques pour mettre un peu d’ambiance. Enfin, l’histoire reste dans l’ensemble intéressante et motive le joueur à terminer, malgré quelques soucis de rythme dus à d’étranges rebondissements. Concrètement, Kenshiro a encore paumé Yuria et fait des pieds et des mains (explosant une flopée de têtes au passage) pour la retrouver. Il se retrouve empêtré malgré lui dans une série d’intrigues, son éternel code de l’honneur l’obligeant à agir pour le bien commun. Bref, c’est du Ken le Survivant en bonne et due forme, auquel on peut juste reprocher un usage timide des personnages phares de la série (genre Rei qui apparaît avec classe et se ramasse en deux minutes = syndrome Vegeta).
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Bande son
Durée de vie
Scénario
Pas mort
Il a à peine survécu…
Si Fist of the North Star : Lost Paradise n’est pas un mauvais jeu dans l’absolu, il n’est pas très bon non plus. On a envie de l’aimer, ne serait-ce que pour l’esprit Ken le Survivant qui s’en dégage grâce à une direction artistique fidèle et des combats qui suintent la puissance de Kenshiro. Dommage que la technique soit à la ramasse, tandis que le gameplay dans son ensemble risque de lasser les amateurs, ne laissant accrochés à la manette que les adeptes du manga/anime. Loin des modèles qu’il plagie, Fist of the North Star : Lost Paradise est un jeu qu’on parcourt d’une traite ou qu’on abandonne, avant de l’oublier pour passer vite à autre chose. Il reste néanmoins bien meilleur que les tentatives passées. On se console comme on peut.
Plus d’infos sur le site officiel de Fist of the North Star : Lost Paradise.
À très bientôt sur Sitegeek.
Musa
Tu ne le sais pas encore ?
Bande-annonce :
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