J’ai mis quatre ans à terminer Deus Ex Human Revolution, à cause d’une malheureuse histoire de fuite d’eau et de disque perdu… Mais je me souviens, quand je l’ai terminé, m’être fait la réflexion suivante : “plus de jeux devraient s’inspirer de la richesse et de la profondeur de ce scénario”. Il aura fallu attendre Deus Ex Mankind Divided pour que mon voeu soit exaucé.
Un après-midi avec Deus Ex Mankind Divided
La licence Deus Ex avait déjà révolutionné la profondeur scénaristique du jeu vidéo en 2000, à l’instar d’un certain Metal Gear Solid. Le jeu vidéo n’était plus qu’un simple outil interactif censé divertir mais aussi une plateforme capable de raconter une histoire… et quelle histoire ! Hélas, je n’ai connu la série qu’avec Deus Ex : Human Revolution, sorti en 2011. Pire, je n’ai terminé le jeu qu’en 2016 mais j’en garde un précieux souvenir. En effet, le titre d’Eidos Montréal m’a laissé avec quelques réflexions profondes quant à la bioéthique, au progrès, et aux enjeux d’un monde virtuel qui ressemble horriblement au nôtre quand on regarde par-delà les pixels.
Il est où, mon gameplay augmenté ?
Inutile de revenir en détails sur le gameplay, qui a déjà été abordé en long et en large dans d’autres tests professionnels nettement plus légitimes. Quelques mots tout de même, ne serait-ce que pour souligner le manque de nouveautés de cet opus. Certes, mon après-midi sur Deus Ex Mankind Divided ne m’a pas permis d’aborder toutes les nuances de la jouabilité mais quelques heures de jeu ont vite confirmé ma première impression : le gameplay se construit entièrement sur Deus Ex Human Revolution. Ce n’est pas forcément un problème, dans la mesure où ce gameplay était vachement solide. Les développeurs ont même éjecté quelques fausses bonnes idées pour proposer une expérience globalement plus agréable. Le système de couverture rend ainsi les phases de tir mais aussi de discrétion beaucoup plus intuitives. Si on peut toujours boucler les niveaux savamment conçus sans tuer personne, les sessions de shoot sont beaucoup moins frustrantes, avec un système de visée enfin rectifié.
Anecdotiques dans le volet précédent, les dialogues semblent plus intenses dans cet épisode, même si on est toujours loin des conséquences à la BioWare. Reste que les choix provoquent des moments d’hésitation, soit un très bon moyen d’impliquer le joueur émotionnellement dans les interactions d’Adam Jensen.
Ecriture exemplaire !
Comme je le disais plus haut, pas besoin de s’étaler longuement sur le gameplay. Si vous avez aimé Deus Ex Human Revolution et que avez pesté contre ses quelques failles techniques, vous allez adorer Deus Ex Mankind Divided. Mais si vous craignez de bouder le manque de nouveautés, je vous arrête tout de suite. Bien que ses mécaniques d’infiltration et son interface proposent une expérience aussi intuitive que grisante, la force de Deus Ex Mankind Divided ne réside pas là, à mon humble avis.
De même que son aîné, le shooter/infiltration d’Eidos Montréal mise tout sur la dure crédibilité de son univers, son écriture soignée, la richesse de son décorum et surtout la réflexion qu’il provoque chez un joueur averti. Guerre, collusions financières, terrorisme, apartheid, progrès, réfugiés, inégalités, discrimination, sécurité… ces problèmes, dont on tente parfois de s’évader dans les jeux vidéo, nous rappellent à la triste réalité du quotidien dans Deus Ex Mankind Divided. Je retiens une scène, particulièrement, où – attention, spoilers ! – Adam tient la main d’une mère invisible sous des décombres suite à un attentat, alors que le fils pleure à côté. Difficile de ne pas faire lien avec tous ces innocents qui meurent aux quatre coins du globe.
Sous sa bonne mise en scène et ses enjeux catastrophistes, Deus Ex Mankind Divided nous invite également à penser les notions de progrès et d’éthique à notre époque. Que penser des augmentations ? La fin tragique de Human Revolution posait déjà la question mais ici, les scénaristes creusent encore plus loin et nous confrontent à des dilemmes particulièrement déchirants. A l’heure où la technologie évolue plus vite que jamais – parfois pour notre plus grand plaisir… -, le jeu nous rappelle à quel point il est vital que ce progrès s’accompagne de garde-fous et de balises. A qui profite cette technologie ? Tout le monde y a-t-il accès ? Les motivations des compagnies de pointe sont-elles financières ou humanitaires ? Là où le titre frappe fort, c’est qu’il aborde non pas uniquement la technologie mais notre rapport à celle-ci. L’humanité est-elle divisée parce qu’il existe des “augmentés” et des “normaux” ou parce qu’il existe, quelque part, un intérêt à diviser ? Bref, si on se laisser imprégner par l’univers de Deus Ex Mankind Divided, on n’en sort pas sans certaines questions morales. Peu de jeux peuvent se targuer d’une telle prouesse, donc bravo !
Graphismes made in 2011 ?
A l’image du gameplay, la plastique de Deus Ex Mankind Divided s’inspire elle aussi de son aîné. Si pour le gameplay, ce manque notable de nouveautés peut passer, on a du mal à comprendre que les graphismes aient si peu évolué en 5 ans. Non pas que le jeu – qui a été testé sur PS4 – soit hideux, bien au contraire. Mais je n’ai vraiment pas eu l’impression d’avoir assisté à un énorme boost. Peut-être parce que Human Revolution était déjà fort beau en son temps. Sur le plan technique, c’est déjà plus gênant, dans la mesure où on note quelques chutes de framerate, des animations parfois un peu raides, et une maîtrise globalement assez déséquilibrée. Notez que je chipote beaucoup là, car si vous êtes comme moi, vous passerez facilement à côté de ces légers impairs graphiques pour profiter pleinement de l’expérience. Sans compter que la direction artistique, elle, est d’excellente facture et dépeint un univers crédible (je sais, je me répète mais il y a de quoi…).
Have a Breach, have a Deus Ex
Si suivre une trame riche et interpellante ne vous intéresse pas (quel gâchis !), vous pouvez toujours vous rabattre sur le mode Breach, qui est une sorte de piratage grandeur nature dans un univers aux graphismes sommaires. Je ne l’ai pas vraiment testé car je ne joue pas à un Deus Ex Mankind Divided pour un shooter bas de gamme qui mise tout sur le scoring. Néanmoins, il faut saluer cet ajout qui gonfle bien entendu la durée de vie et qui permettra aux amateurs du genre de se faire plaisir, histoire d’alléger un peu l’expérience émotionnellement lourde du jeu.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Durée de vie
Scénario
Quel univers !
Deus Ex : Mankind Divided reprend les bases solides de Human Revolution dans un univers riche et profond.
Revue de presse
9/10Gamekult |
18/20Gamergen |
17/20JV.com |
8/10Gameblog |
Conclusions hâtives de l’ami Arnaud
Quel univers ! C’est bien la seule chose qu’on peut se dire en arpentant les niveaux riches et variés de Deus Ex Mankind Divided. J’ai un faible pour les développeurs qui prennent soin de développer leur trame et de l’inscrire dans un canevas profond et sophistiqué. Peu de studios se lancent dans une telle aventure et je me réjouis qu’Eidos Montréal l’ait fait car pour la deuxième fois, il propose un jeu qui transcende ses pixels pour interpeller le joueur. Dans la mesure où c’est l’une des qualités que je préfère dans un jeu vidéo, je m’accommode facilement des graphismes inégaux ou du gameplay qui a peu évolué (mais qui a évolué en bien !). D’autant que le level-design et la richesse du contenu promettent de passer de très longues heures dessus, en particulier les amateurs d’infiltration, un genre dans lequel Deus Ex Mankind Divided excelle sans le moindre doute.
Site Officiel de Deus Ex Mankind Divided
Un scénario en béton augmenté
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Bande-annonce :
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Il me fait super envie ce jeu, surtout vu la note sur GK. Par contre c’est étonnant que tout le monde critique la technique alors que moi j’avais vu le plus beau FPS techniquement de ma carrière à l’E3. J’imagine que downgrade doit être fameux, encore une fois :(
Comme je dis dans le test, le jeu est loin d’être moche. Mais ayant récemment joué au précédent, j’ai vraiment pas eu le sentiment que ça avait évolué… après, c’est vraiment pas ce que je recherche dans un jeu non plus.
Oui, enfin ma remarque visait surtout la version PC. Sur PS4, on est de toute façon bridé par le matos