Des gosses, des BMX, une petite bourgade perdue des États et des méchants vilains aux desseins obscurs. Voilà le pitch très 80s de Crossing Souls, un jeu qui reprend tous les codes de l’époque mais peine parfois à y insuffler de l’esprit…
Un après-midi avec Crossing Souls sur PC
Nous sommes en 2014. Stranger Things n’est alors probablement qu’une idée griffonnée dans l’esprit de frangins nostalgiques. Pourtant, les années 80 connaissent un revival impressionnant avec ses néons, sa musique électro et ses dialogues super kitsch. Le jeu vidéo n’y échappe pas, entre le pixel art qui bat son plein et des jeux de type Shovel Knight qui rendent un hommage magistral aux consoles du grenier. Dans le lot, le studio Fourattic souhaite tirer son épingle du jeu et annonce Crossing Souls sur Kickstarter. Dès le trailer, on sent un amour profond pour une culture qui parle à ma génération. La musique, le thème, les enfants en quête d’aventure, les couleurs flashy. Tous les ingrédients sont réunis pour un Goonies-like du 21e siècle. À l’époque déjà, j’avais hâte d’être en 2016 pour la sortie du jeu… avant que celui-ci ne disparaisse pour réapparaître en février 2018. Heureusement, l’attente valait le coup !
Pixelartistique
Dentrée de jeu, on admire l’esthétique de Crossing Souls. Pour avoir soupé du pixel art – qui n’a plus tant le vent en poupe -, je ne pensais pas qu’il serait encore possible de me surprendre avec un tel choix de design. Pourtant, Crossing Souls nous fait très vite oublier ses minuscules carrés virtuels pour nous aspirer dans un univers enchanteur, grâce à sa direction artistique au top. Les développeurs maîtrisent véritablement le contexte et lui vouent un amour manifeste. Les décors reprennent ainsi les gimmicks du genre et renvoient à une multitude de références geekesques. La chambre d’ado tapissée de posters, la boutique de cet immigrant aux attributs racistes, le chemin terreux interdit d’accès qu’empruntent pourtant tous les gosses du coin… Fourattic a parfaitement retranscrit les traits caractéristiques de l’époque afin de nous plonger dans un cadre familier.
Le pixel art s’accompagne de cinématiques tirées d’un VHS sur lequel on aurait enregistré un dessin animé pour la dixième fois. Les parasites, les bugs sonores et le trait old-school enrobent avec une laideur exquise et assumée ce jeu qui sent bon le cinéma de John Hughes et de Richard Donner. Et pour couronner le tout, Crossing Souls se paie une bande son superbe, avec du synthwave et des thèmes rythmés empreints de nostalgie. Bref, un sans faute artistique pour un jeu à la hauteur du défi qu’il s’était imposé.
Comme un bon vieux film… interactif ?
Dans la forme, Crossing Souls est un excellent jeu d’aventure. Outre son ambiance assumée, le jeu propose une progression qui se distingue des jeux indés similaires. Pas de niveaux à proprement parler, pas de gameplay évolutif et pas de “dimension RPG” (une expression à la mode, ces dernières années). En fait, plutôt que d’adopter le format vidéoludique, Crossing Souls suit la trame d’un film – ou toute autre narrative linéaire. Un choix osé, vu le risque de répétitivité. Pour le pallier, le jeu varie régulièrement ses mécanismes afin de proposer un gameplay riche et propice à chaque situation. Aussi ne faut-il jamais s’attendre à une jouabilité sophistiquée mais plutôt à des mini-jeux qui alternent entre le combat, la course-poursuite en vélo, l’infiltration, les énigmes bas de gamme, etc. Cette variété donne toutefois lieu à des séquences moins inspirées que d’autres.
La diversité tient aussi du casting complémentaire du jeu. Au joueur de choisir entre le héros qui swingue la batte comme pas deux, le nerd qui manie le pistolet à rayons gamma, l’armoire à glace qui bouge les gros caissons ou encore la fille badass qui manie le lasso. Un choix qui a toute son importance durant les différentes phases du jeu, que ce soit contre un boss où il faut varier les compétences ou tout simplement pour passer une succession de plateformes. Passé un cap, ce gameplay de base s’agrémente d’un objet permettant de passer du monde réel à celui des spectres d’une pression de bouton. De quoi enrichir encore plus un gameplay efficace, malgré ses mécanismes extrêmement simples.
Sauf qu’on n’est plus en 1985 !
Après tant d’éloges, je suis contraint de souligner les quelques points noirs du jeu. Si on peut fermer les yeux sur les séquences moins passionnantes du gameplay, difficile de fermer les yeux sur l’interface. Certes, elle aussi renvoie à la retromania dont se targue Crossing Souls mais il lui manque cette inspiration artistique qu’on retrouve par ailleurs. De même, le scénario semble avoir tout plagié du tuto “Comment faire un film des années 80 en dix leçons”. Hormis l’un ou l’autre rebondissement surprenant, c’est assez classique et prévisible.
J’ignore à qui s’adresse le jeu mais les gens de ma génération ont grandi depuis Les Goonies et s’attendent à quelque chose d’un peu plus élaboré. Reste que malgré le scénario convenu qui se permet quelques sursauts, l’aventure reste très agréable à parcourir. Il faut juste passer outre quelques dialogues plats et s’attarder sur la dimension pseudo-épique qu’une telle aventure nous évoquait quant on était môme.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Scénario
Bande son
Stranger Games
Un très bon retour dans le temps, tant scénique que visuel, Crossing Souls est un Stranger Things avant l'heure. Un jeu qui sent bon les années 80, malgré un léger manque de profondeur.
Revue de presse
6/10Gamekult |
–/20Gamergen |
15/20JV.com |
8/10Gameblog |
C’est pas Les Goonies mais…
Après 4 ans d’attente, je dois avouer que j’y croyais plus. Je m’inquiétais de ne plus voir le jeu ou – pire – de voir un résultat bâclé à cause d’un développement fastidieux et/ou chaotique. Il n’en est rien ! Non seulement Crossing Souls n’est pas un mauvais jeu mais en plus il tient toutes ses promesses, en nous resituant dans les années 80 et sa pop culture qu’on aime tant. On peut lui reprocher un scénario lambda et une écriture parfois plate mais dans l’ensemble, le jeu réussit son pari. Son gameplay varié, ses références qui saturent l’écran et son design aux petits oignons permettent aux développeurs de rendre l’hommage qu’ils souhaitaient, pour notre plus grand plaisir. S’il n’entrera pas dans les annales, Crossing Souls nous divertira comme ces films de notre enfance qu’on revoit encore avec beaucoup de plaisir.
Plus d’infos sur le site officiel de Crossing Souls.
À très bientôt sur Sitegeek.
Musa
Les années 80… encore ?!
Bande-annonce :
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