Le barbare le plus célèbre de la pop culture se lance sur le terrain déjà fort brigué du survival. Et s’il a clairement trouvé son public, pas sûr qu’il reste dans les annales…
Un après-midi avec Conan Exiles sur PS4
Avant que le Battle Royale ne devienne la coqueluche du grand public gamer, l’une des tendances les plus tenaces fut le survival. Ce n’est pas une mode qui me parle, même si j’ai adoré State of Decay (dont la suite est sortie récemment et ne me tente absolument pas, c’est vous dire mon rapport au genre). J’étais toutefois intrigué par Conan Exiles car, hormis un beat’em all bien bourrin, je voyais mal comment concilier survival avec l’univers de Robert E. Howard. Or, si l’on en croit les chiffres de Funcom, Conan Exiles est officiellement le jeu le plus vendu de la compagnie à ce jour (en 25 ans d’existence, c’est pas mal). Et si pour ma part, après plusieurs heures, je ne souhaite pas me perdre ad vitam dans l’univers de Conan Exiles, j’en saisis l’intérêt, qui justifie amplement son succès inattendu.
Où qu’il est, Conan ?
S’il est cocasse d’appeler son jeu Conan alors que celui-ci en est plus ou moins absent, on ressent bien l’inspiration de l’oeuvre originale dans le jeu. Certes, celui-ci aurait pu s’appeler autrement sans que ça ne choque personne mais Funcom, disposant de la licence, l’utilise entièrement à des fins commerciales. C’est de bonne guerre ! Du coup, passons ce quasi-détournement de nom et intéressons à ce que le jeu propose réellement. Il nous invite dans les Terres de l’Exil, une aire de jeu extrêmement vaste et bien plus riche qu’elle en a l’air. Après des plaines désertiques tristement vides qui inspirent la crainte mais nous plongent bien dans ce survival, le jeu cède la place à une multitude de décors. Marécages humides et collines enneigées sont au rendez-vous.
Conan Exiles s’avère visuellement très riche, à défaut d’être beau. Mais on serait enclin à lui pardonner ses tares graphiques, tant le jeu est organique. Comment expliquer ? D’un point de vue purement technique, les textures sur PS4 sont baveuses et manquent cruellement de finition. Les animations sont lentes, assez lourdes et n’inspirent aucun dynamisme. En revanche, se dégage de Conan Exiles un charme indéniable, dû notamment à une direction artistique qui, sans être fabuleuse, donne vie à l’univers dans lequel on a envie d’évoluer. Conan Exiles me rappelle ainsi ces jeux pas très jolis mais dans lesquels on se plonge avec plaisir, son design remplit donc son pari. C’est moins le cas de la musique, extrêmement quelconque et dont je n’ai absolument rien retenu.
Barbare ou survivre, il faut choisir
Le titre du jeu a bien évincé le “barbare” que les quadragénaires associent à Schwarzy (si tu sais pas qui c’est, tu sors !). Et pour cause, Conan Exiles repose sur un gameplay plus sophistiqué que les scènes d’action testostéronées du vieux film. Mais surtout, le jeu vous jette nu comme un ver (littéralement) dans la fosse aux lions sans le moindre outil pour vous défendre. Ces premières secondes, avec ce sable ambiant étouffant, nous plonge tout de suite dans le principe du jeu. Suite aux conseils (pas très) avisés de Conan himself, débute le Périple. Il s’agit d’une ligne directrice permettant au joueur de savoir quoi faire. C’est-à-dire ? Eh bien déjà trouver des vêtements ! Ensuite, looter des objets comme un barbare (haha… ha… non ?), crafter des objets pour se couvrir, se nourrir, dormir ou se battre.
Le système de jeu s’avère globalement agréable et gratifiant. Pour les joueurs qui, comme moi, n’aiment pas trop être livrés à eux-mêmes avec zéro indication, Conan Exiles propose une série d’objectifs à remplir pour apprendre comment survivre, même si finalement on doit se débrouiller seul. Après avoir repris ses esprits, on se retrouve donc à devoir se nourrir, boire, créer un feu de camp, une arme, etc. Dans un premier temps, l’opération semble très fonctionnelle mais à mesure qu’on développe ses compétences via un système peu intuitif (j’y reviendrai), le jeu gagne vraiment en intérêt et on se trouve l’envie de construire des trucs parce que, pour une raison inexplicable, c’est fun. D’autant que le jeu récompense la progression. Au départ, on se contente de biens de première nécessité, comme manger des insectes infestant des plantes ou utiliser un rocher pour se créer une arme. Mais très vite, on ressent le besoin de matériaux plus riches et robustes, ainsi qu’une meilleure maîtrise de la faune et la flore. On se met donc à voyager et à s’améliorer, ça se fait naturellement et procure une bonne dose de satisfaction.
Heigh-ho, on survit au boulot !
Si le système de crafting s’avère globalement riche, il souffre d’une interface peu claire qu’il faut vraiment prendre le temps de maîtriser. L’interface elle-même interpelle et semble sortie d’un vieux jeu PC de l’ère Diablo II (ça date un peu, quoi…). Outre sa dimension non-intuitive, elle nous afflige également des textes minuscules qui rebutent, même si on finit par s’habituer. Enfin, si je peux comprendre la volonté de laisser les joueurs dans le flou (ben oui, c’est un survival), quelques informations sur l’utilisation de l’interface n’auraient pas été du luxe. Quant à “l’arbre des compétences” (c’est plutôt une succession indigeste de cubes mais passons), il repose sur une bonne idée. Les éléments qu’on peut crafter sont répartis en différentes catégories a priori logiques mais le résultat final est à la fois illisible et peu compréhensible. Dommage, de la part de développeurs pourtant expérimentés.
Qui est ton ennemi ?
Je ne m’étalerai pas sur le système de combat, très sommaire et typique des jeux du genre, ou du moins de ceux auxquels j’ai joué, n’étant pas un expert en la matière. C’est donc assez mou, lent et peu engageant. Il s’agit probablement d’un choix assumé mais qu’on ne peut que regretter dans un jeu estampillé Conan. On pourrait l’interpréter comme une volonté d’ajouter à la difficulté de la survie et, très sincèrement, je peux entendre ce point de vue. Après tout, de même que la menace contextuelle, les monstres ne donnent aucune indication – hormis leur taille – quant à leur férocité et au niveau de danger qu’ils représentent. Après quelques tests tête baissée, le joueur réalise bien qu’il doit bien réfléchir avant d’engager le combat. Encore une fois, on ne peut que saluer l’idée. Mais farmer s’avère donc fastidieux, ce qui s’ajoute au côté rébarbatif des affrontements.
À moins de jouer en ligne, on se contente des bots et monstres du jeu. Entre nous, j’ai passé une grande partie de ce test à jouer sur les serveurs solo et je ne le regrette pas. Mais fatalement, le challenge est absent. L’I.A. ennemie ne constitue pas un danger, à condition de savoir filer quand la situation chauffe et/ou quand on s’est attaqué au mauvais monstre. Ayant vu les patchs défiler, je n’ai pas eu trop de difficultés à me connecter sur les serveurs en ligne pour jouer mais ces derniers m’ont paru souvent déserts, la faute à un nombre de joueurs bien trop faible pour une map aussi immense. Vous noterez enfin que je n’ai rien dit sur la création de personnages, et pour cause, elle m’a semblé relativement pauvre et anecdotique.
Résumé des scores
Graphismes
Jouabilité
Bande son
Durée de vie
Survivor
Bien plus raffiné qu'on ne pouvait l'attendre d'un jeu nommé Conan, ce survival risque de se heurter à une concurrence ardue et bien plus aboutie. Il devrait toutefois trouver son public sans trop de difficultés.
Revue de presse
5/10Gamekult |
–/20Gamergen |
13/20JV.com |
–/10Gameblog |
Même sans Conan, ça marche !
Il m’aura fallu du temps pour tester ce Conan Exiles (c’est même devenu un sujet de plaisanterie à la rédaction). La faute à un jeu qui requiert du temps, pas mal de temps, avant qu’on en saisisse l’intérêt ainsi que les subtilités. Une fois qu’on arrive à passer outre son interface datée et contre-intuitive et qu’on apprend les rouages de la survie, Conan Exiles devient un jeu très satisfaisant. Aussi n’est-il pas surprenant qu’il trouve son public à l’heure où la plèbe se déchaîne sur Fortnite. Je ne pense pas que le jeu marquera l’histoire du jeu vidéo mais à l’image de ses graphismes pas très jolis et pourtant fort charmants, Conan Exiles est un jeu qu’on a envie d’aimer et auquel on a envie de jouer pour looter, construire et bâtir (et éventuellement se battre, mais à moindre dose). Son succès commercial en atteste et s’avère, pour ma part, amplement mérité.
Plus d’infos sur le site officiel de Conan Exiles.
À très bientôt sur Sitegeek,
Musa
Sans le barbare
Bande-annonce :
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