Le 29 septembre 1995, Sony entrait dans l’arène pour mettre la main sur un marché vidéoludique pourtant bien bouché. Avec sa PlayStation, Le géant japonais a imposé la 3D dans nos foyers, et pour longtemps. Ridge Racer, matricule 1 de la ludothèque PlayStation, a joué un rôle primordial dans cette épopée à succès.
Ridge Racer – Itinéraire d’un jeu d’arcade à succès
Sur la tranche de son boitier plastique, Ridge Racer porte le numéro 00001. Quel honneur ! En effet, lorsque Sony a décidé de lancer sa console PlaySation, il a été confronté à une rude concurrence. Sega venait de sortir sa Saturn et sa line up bourrée de jeux d’arcade de la bande à Sonic, tels que Daytona USA, Sega Rally ou Virtua Fighter. Nintendo quant à lui surfait toujours sur le succès de sa Super Nintendo. Sony a donc décidé de provoquer Sega et son catalogue pléthorique, sur son propre terrain : l’arcade.
Pour tenir tête à Sega, Sony avait besoin de titres forts, capables de révéler au monde que sa machine était suffisamment puissante pour faire tourner des jeux arcade en mode Arcade Perfect, ou presque. Namco a été le partenaire idéal. Ainsi, Sony a pu lancer sa machine avec Ridge Racer notamment, le jour de sa sortie, et Tekken, matricule 5, quelques mois plus tard. De quoi tenir tête à Daytona USA et à Virtua Fighter. La suite de l’histoire, on la connait. La PlayStation est là, et pour longtemps. Ce slogan résonne encore dans les têtes, et sur la vieille VHS promotionnelle de l’époque.
Un scénario en mode arcade
Ridge Racer est donc avant tout un jeu d’arcade, réalisé par Namco, en réponse à Sega et ses chefs-d’œuvre sur roues. Dès le lancement, vous êtes invité à vous adonner à une petite partie de Galaxian, autre succès classique de l’arcade réalisé par Namco. Sous ses allures anecdotiques, ce mini jeu contient un petit secret que je vous révélerai plus tard. Cette intro avait été mise en place par un certain Yozo Sakagami , qui avait lui-même travaillé sur la version arcade du shmup en 1979, et sur Ridge Racer 25 ans plus tard. Namco craignait que les temps d’attente ne découragent les gamers fraichement débarqués sur PS ONE, raison pour laquelle ils ont ajouté cet intermezzo pixelisé.
Un menu à la diète
Ensuite, Ridge Racer s’ouvre sur un menu peu folichon, ne proposant qu’UNE seule course. Elle sera certes affichée sous 4 formats, mais il s’agit bien du même tracé. Les 4 options permettent ainsi d’allonger la course avec une extension au circuit, et de doser différemment selon le niveau de difficulté, qui impacte votre vitesse. Le titre mise définitivement tout sur l’arcade à la maison, la vitesse et le fun feeling.
Toujours à la diète, le menu ne propose que 4 véhicules, mais en 1994, cela était tout à fait dans la norme. Si vous parvenez à aller au bout du mini jeu Galaxian qui vous est proposé en apéritif, vous pourrez débloquer une autre série de véhicules. Tout sauf intuitif, ce secret reste une idée vachement farfelue dont je ne comprends pas l’intérêt. SI ce n’est que les tacots à débloquer n’en ont justement aucun. À part cela, on fait la course et le premier arrivé a gagné. C’est déjà pas mal comme scénario pour de l’arcade racing.
Technique : beau comme un camion
Techniquement, si l’on met l’expérience en perspective, et qu’on la considère avec les yeux d’un adolescent de 1995, le titre déchire tout ! Plus beau que n’importe quel jeu 3D de l’époque, Ridge Racer rend hommage à la version arcade originelle, en affichant très peu de différences. Toutefois, avec le recul, on ne peut pas nier les défauts incroyables de l’affichage. Peu de jeux ont aussi bien mis en lumière l’effet de clipping, omniprésent et qui fait clignoter les décors dans tous les sens comme un sapin de Noël. Mais voilà, encore une fois, en 1995, le plaisir était ailleurs.
Les musiques et surtout les voix sont légendaires. Le speaker marque à vie et ses commentaires collent parfaitement à l’atmosphère arcade du jeu. En allant de “Riiiiiidge Raceeeeer” en intro, en passant par “final lap, one lap to goooooo!!!!”, on tient là une des voix les plus mémorables de l’histoire du jeu vidéo. Au rayon musique, les mélodies sont sympas, sans casser 3 pattes à un canard. Par contre, vous avez la possibilité de retirer le disque du jeu en pleine partie, afin de mettre le cd de votre choix pour jouer avec votre propre musique. Et ça, à l’époque, c’était complétement dingue. Je me souviens avoir essayé de battre mes records sur cet unique tracé des milliers de fois, sous les bons sons de Bon Jovi.
Pour l’anecdote, une version améliorée et tournant en 60 fps est sortie quelques années plus tard. Disponible sur un disque bonus de Ridge Racer Type 4, ce Ridge Racer hi-spec demo efface pas mal de défauts du jeu numéro 1. Encore une anecdote comme seul Ridge Racer peut vous en livrer.
Manialbilité : On va drifter!
Pad en main, la jouabilité fait débat. L’arcade est poussée à son paroxysme. Vous pouvez choisir entre 2 vues. La vue intérieure, avec la caméra au ras du sol, offre une sensation de vitesse géniale et convient parfaitement au style de Ridge Racer. La vue extérieure, à l’arrière de la voiture, n’est présente que pour remplir un cahier des charges type. Elle offre un plaisir très relatif et une impression de savonnette quand on observe le véhicule.
Le principe de Ridge Racer est simple : foncer à toute allure, sans se préoccuper des bons us et coutumes du parfait conducteur chevronné. L’inertie du véhicule n’a rien de réaliste, le transfert de masse n’existe pas et les collisions, quelles qu’elles soient, freinent terriblement votre vélocité. Autrement dit, le but est d’éviter à tout prix de toucher les autres participants, ou le décor afin de maintenir sa cadence.
De plus, le système de drift permet de grappiller encore de précieuses secondes. Déraper est un jeu d’enfant dans Ridge Racer puisqu’il suffit de freiner, lâcher le frein, tourner et laisser la voiture partir. Par contre, contrôler ces glissades requiert énormément d’entrainement. Vous allez manger du bitume et heurter des polygones si vous vous y essayez mais lorsque c’est maitrisé, la maniabilité devient chirurgicale et le plaisir laisse place à l’obsession du podium et du chrono.
Les concurrents et l’IA ne vous feront pas de cadeau ! Enfin, presque pas…
Vos concurrents et l’IA ont un comportement absolument pervers. Les véhicules adverses apparaissent et évoluent uniquement en fonction de vous. N’espérez donc pas prendre de l’avance en performant comme un démon, vous serez déçu. Pour terminer le jeu complétement et débloquer les modes miroirs du circuit unique, vous devez affronter et vaincre la voiture noire, aux allures de Lamborghini. Cette voiture vous en met plein la vue et va carrément vous attendre après quelques mètres. Rarement mes nerfs ont été plus sollicités que face à cette espèce de boss finale sur roues !
Après, pour les plus finauds, une astuce permet d’accéder plus rapidement au mode miroir. Pour cela, vous devez faire demi-tour après le départ. Un mur apparaitra derrière vous. Foncez dans ce mur à vive allure et le mode miroir se débloquera. Sympa, non ?
Conclusion sur Ridge Racer
Ridge Racer, 1er du nom, reste aujourd’hui à mes yeux le meilleur jeu d’arcade racing à domicile que j’ai connu. Il a écrit la 1ère page de la légendaire PlayStation. Il a permis à Sony de se positionner directement dans la cour des grands. Il m’a même fait oublier Daytona USA le temps d’une adolescence. Sans Ridge Racer, le lancement de la PlayStation n’aurait pas eu le même succès. Même si ses suites, dont Ridge Racer Type 4 tout particulièrement, lui sont supérieures, ce matricule 1, père de la ludothèque de Sony a secoué le monde du jeu vidéo du milieu des années 90 pour l’impacter à jamais. Bravo Namco. Bravo Sony. Merci.
Vega