Eté 1992, le magazine Consoles + sort son numéro 10. Le mensuel rend les copies finales de quelques hits aujourd’hui légendaires. Au milieu de Turtles in Time, Street Fighter 2 sur Super Famicom, et Parodius sur PC Engine, un titre reçoit ma plus grande distinction : Last Resort sur Neo Geo AES.
Scénario : l’an 2920 vu depuis l’an 1992
Sorti en 1992 au Japon, aux formats MVS et AES, ce shmup au scrolling horizontal prend ses quartiers dans un futur où l’Homme a développé la technologie pour la colonisation spatiale. Toutefois, un virus informatique vient chambouler cette belle petite organisation et met en péril l’espèce humaine ! La guerre entre l’homme et les machines est déclarée. Le seul espoir de la terre réside dans ce vaisseau martial que vous êtes invité à piloter à travers cinq stages aux décors post-apocalyptiques.
Un gameplay simple comme parfait
Avant d’entrer dans les détails techniques, gageons du fait que Last Resort est avant tout une réponse au cultissime R-type de chez Irem: un Shoot’m up 2D horizontale, première sur Neo Geo à l’époque, à bord d’un vaisseau évolutif, à la difficulté ardue. 3ème shmup du catalogue SNK, il se démarque de ses ainés Alpha Mission 2 et Ghost Pilots dont le scrolling était vertical.
Pour l’anecdote, on apprend dans l’excellent livre Neo Geo Anthology que Mitsuo Kodama, un des designers déchus de Irem (à l’origine de R-Type), tiens tiens, n’est autre que le game designer de Last Resort. Il a d’ailleurs aussi travaillé sur Ghost Pilots et King Of Fighters 94, rien que cela !
Bref, revenons à notre jeu SNK. L’engin se pilote à l’aide du joystick et de deux boutons. Un bouton de tir classique et un bouton pour gérer un module, que l’on peut récupérer en tuant des ennemis. Ce module peut tourner autour de vous, tire en même temps que vos canons mais dans la direction vers laquelle il pointe. En gardant le bouton tir enfoncé, on peut également augmenter son niveau de puissance, indiqué dans une jauge au bas de l’écran. Ces drones peuvent être rouges ou bleus. Le bleu rebondit sur les parois, par contre le rouge glisse le long de celles-ci. Toute la singularité du gameplay réside dans cette gestion du module. C’est d’ailleurs en maîtrisant ses subtilités que vous pourrez envisager devenir performant.
Votre défi se décline à coup de game-over et de continus, la tâche est d’autant plus complexe que malgré les quelques check points parsemés sur votre chemin, chaque retour de l’enfer vous verra dénué de tout armement bonus, ce qui complique considérablement votre mission. Les stages sont de plus en plus durs et des boss intermédiaires jonchent votre trajectoire. Les big boss de fin de niveau sont évidemment aussi de la partie. Vous allez en baver!
Technique
Graphiquement, Last Resort est une petite bombe ! Graphismes fins, tantôt ultra colorés dans les moments chauds, tantôt ternes et agressifs dans les moments de dépression. Les cinq environnements proposés percutent la rétine et présentent un monde futuriste décadent avec un premier stage hommage au Neo Tokyo d’Akira, superbe de profondeur, les références au Manga de Katsuhiro Otomo sont nombreuses, et on s’en délecte.
- Le premier niveau reprend le décor de la ville de Neo-Tôkyô telle qu’elle apparait dans le long métrage.
- Le cratère visible derrière le boss du Level 1 rappelle indéniablement le cratère du début du film.
- Le deuxième niveau repeint les ruines de Neo Tokyo après l’explosion létale du manga animé.
Les musiques quant à elles sont aussi très dynamiques et high-tech. Les bruitages sont variés et collent parfaitement à l’atmosphère. En ce qui me concerne, elles font partie des meilleures musiques de la discographie SNK.
En termes d’animation, le jeu est très maniable et fluide mais pêche parfois par quelques ralentissements intempestifs, dommage. En effet, lorsque les sprites s’accumulent et que l’on s’exerce à deux joueurs, le moteur du jeu montre ses limites. Heureusement, l’adrénaline conséquente aux situations oppressantes des combats prend le dessus et vous maintient en osmose avec votre vaisseau.
Evolution et influence
30 ans plus tard, Last Resort n’a finalement pas à rougir de son âge avancé. En effet, bien que le style ait beaucoup évolué, ce dernier reste un classique, beau, stylé et stimulant. Au cours des années 90, les épisodes horizontaux ont laissé place à une majorité de shmup à scrolling vertical, avec des chefs-d’œuvre tels que Ikaruga ou les productions CAVE. Les maniac shooters ont pris le dessus et ont fait de ce genre, des jeux réservés à l’élite de la fusillade spatiale.
Personnellement, je reste accroché au style TATE, horizontale, où la difficulté n’est pas majoritairement axée sur des centaines de petits projectiles transformant chaque déplacement en mission suicide, mais davantage sur l’étude par cœur des patterns ennemis. A cet égard, les attaques et mouvement ennemis sont autant à mémoriser que les endroits clés d’où ils apparaissent.
Last Resort fixe la barre très haute en termes de difficulté, mais reste accessible à tous, c’est ce qui fait de lui un jeu toujours d’actualité et appréciable par tous. Par contre, pour le terminer, c’est une autre histoire.
La conclusion subjective de Vega
Pour conclure, je vous invite à essayer ce Last Resort, non seulement pour sa beauté, sa vitesse, son côté next gen d’antan ou sa puissance nostalgique signée SNK mais surtout pour goûter au digne héritier des Space Invaders et Galaga, remarquable transition du genre qui a failli être pulvérisé par le poids des années, mais qui a su s’accrocher, évoluer et trouver un public passionné.