10 ans après avoir révolutionné le jeu de tir à la troisième personne sur Xbox 360, la série Gears of War fait sa véritable entrée sur Xbox One. S’il suinte la violence jouissive et le fun immédiat, ce Gears of War 4 semble tout de même avoir une génération de retard.
Un après-midi avec Gears of War 4
Depuis sa sortie sur Xbox 360, la série Gears of War m’a toujours fait de l’oeil. Avec son univers sci-fi bourrin et son lore plus sophistiqué qu’il n’y paraît, le jeu avait tout pour me plaire. Ou pas. Si je comprends l’engouement de certains à se lancer sur le titre d’Epic Games, j’ai toujours eu du mal à digérer l’absence de véritable scénario et de mise en scène. Si l’on m’a assuré que le troisième épisode de l’ex-trilogie palliait ce problème, je n’ai jamais pu jouer plus de 2 heures au premier sans m’ennuyer royalement. Au vu des bandes-annonces, j’espérais que Gears of War 4 rectifierait le tir. C’est le cas. Du moins, pour le scénario. Le gameplay, lui, semble figé dans le passé…
Doc, il faut renvoyer Gears of War 4 dans le futur
Peut-être est-ce l’âge mais ma première demi-heure aux commandes de Gears of War 4 m’a donné l’impression de retourner 10 ans en arrière. Couloirs étriqués, level-design claustrophobe, petites plateformes insurmontables, murs invisibles… Serions-nous en 2006 ? Certes, la saga ne m’a jamais séduit outre mesure mais je peux reconnaître les qualités du premier épisode. Une révolution dans le jeu de tir, avec un gameplay dynamique et un rythme effréné. Comment peut-on encore proposer cette succession de vagues de clones et de couloirs en 2016 ?
J’ai tout de suite pensé à Uncharted 4. Nous avons d’un côté une exclusivité Microsoft et de l’autre Sony. Et la première fait bien pâle figure à côté de la seconde. Entendez-moi bien, je ne compare pas deux genres différents (quoique…) mais le principe d’évolution au sein d’une si longue série. Même Uncharted 4, qualifié de platformer/aventure/action/etc. offre une liberté totale de mouvements lors des gunfights. Dans Gears of War 4, je ne peux même pas sauter sur une plateforme en contre-bas. Je dois docilement faire le tour et prendre les escaliers de 5 marches.
Certes, la progression ajoute plus de punch au gameplay, tandis que quelques nouveautés rendent celui-ci plus fluide encore. Je pense notamment à la possibilité de rapprocher le combat quand on est à couvert. On peut alors saisir un ennemi proche et le trucider au contact. Les armes offrent également pas mal de variété, tout en proposant quelques classiques aux vétérans. Mais difficile de mettre à profit ces éléments du gameplay quand ce dernier repose sur un schéma aux possibilités très restreintes. On avance, on voit les couvertures, on s’y installe, on tire. Et on repart…
D’autres phases de gameplay entendent renouveler la formule, en vain. La course-poursuite esthétiquement impressionnante entre une moto et un énorme aéronef relève presque de la cinématique. Il n’y a même pas de QTE, on se contente de tanguer à gauche ou à droite pour éviter les obstacles. Le souci, c’est qu’il est difficile de se planter, il suffit donc de tirer comme un bourrin pour détruire les ennemis et avancer. Là encore, comment ne pas penser à Uncharted 4 et sa course-poursuite nettement plus dynamique et immersive. C’est d’ailleurs là que tout se joue, puisque dans l’absolu, Uncharted 4 ne propose pas grand-chose de plus… il offre la même chose mais sous une forme plus aboutie. Alors si le fun immédiat, propre à la série, est bien présent dans Gears of War 4, on est loin de la révolution du premier opus.
Enfin une mise en scène… pour un scénario classique
Le gros reproche – très subjectif – que j’adressais à Gears of War premier était son manque de mise en scène. Trop sommaire, justifiant à peine le gunfest qui s’en suivait. Vu le succès de la série – et le côté neuf et accessible du TPS -, j’imagine que cet élément n’a pas dérangé grand monde. Tant mieux. Mais aujourd’hui, avec ce gameplay qui stagne un peu trop, il faut bien compenser. Heureusement, The Coalition propose dans Gears of War 4 un scénario plus étoffé et habilement mis en scène. Si je ne les ai pas tous saisis, j’ai relevé quelques clins d’oeil aux volets précédents – de quoi ravir les fans – tout en appréciant la nouvelle génération de héros mise en avant par les scénaristes.
Gardons toutefois les pieds sur terre. Si la mise en scène est plus soutenue et se paie des cinématiques de qualité, le tout dans un montage au rythme haletant qui nous empêche de lâcher le pad, le scénario reste globalement téléphoné. Ne vous attendez donc à aucune grosse surprise. Un constat aggravé par une VF kitsch au possible, qui fait perdre à la trame la moitié de sa crédibilité. Si l’anglais ne vous fait pas peur, optez pour la VO, qui donne un air plus authentique et sérieux à l’histoire. Reste que dans l’ensemble, je salue l’effort des développeurs, qui m’ont donné envie de jouer à cet épisode, contrairement aux anciens.
Gears of Unreal Engine 4
Gears of War était une claque graphique en son temps, Gears of War 4 perpétue la tradition. L’exploitation intelligente de l’Unreal Engine 4 est indéniable et l’ensemble du jeu s’avère fluide et joli. La direction artistique oscille entre le sobre et le sci-fi classique. On change cependant de décors assez souvent pour ne pas s’ennuyer. Par contre, comme pour nous rappeler son manque de nouveautés, cet épisode reprend un autre gimmick de la saga à son compte : la teinte grisâtre omniprésente. Je suis conscient qu’il s’agit d’un choix, censé donner un cachet au jeu et illustrer son ambiance sombre, mais celle-ci me paraît plus terne qu’autre chose.
Comme je m’intéresse uniquement au solo dans ce test – je vous renvoie vers d’autres sites spécialisés pour un compte-rendu exhaustif du mode multi -, difficile de jauger la durée de vie. Comptez environ 7 heures pour la trame à un mode de difficulté peu élevé. Fidèle à l’esprit de la saga, Gears of War 4 durera plus longtemps si vous y cherchez le challenge. A fortiori, rien ne vous incitera à reprendre l’aventure, si ce n’est en coop. Les objets à récolter ne constituent pas non plus une motivation valable pour rejouer la campagne, hormis pour les obsédés du 100%. C’est donc le multi qui occupera de nombreuses heures les joueurs, à condition d’être charmés par le gameplay explosif – quoique très classique – de Gears of War 4.
Résumé des scores
Graphismes
Fun
Durée de vie
Nouveautés
On est en 2016 ?
Gears of War 4 fait du neuf avec du vieux... mais un peu trop de vieux.
Revue de presse
7/10Gamekult |
17/20Gamergen |
17/20JV.com |
8/10Gameblog |
Conclusions hâtives de l’ami Musa
Gears of War 4 souffre d’un syndrome répandu dans les grands classiques de la culture populaire. À même de mobiliser un grand nombre de consommateurs, une série propose suite sur suite, au point d’oublier de la faire évoluer. Sans exagérer, j’ai vraiment eu la désagréable impression de retourner dans le temps en jouant à Gears of War 4, avant de me laisser imprégner de son scénario, certes lui aussi classique mais neuf pour la série. Son level-design étriqué et son gameplay dépassé restent néanmoins deux défauts majeurs dans une production de 2016. Si Microsoft peut se targuer de proposer quelques exclusivités sur sa console de salon, elle doit absolument dépoussiérer ses vieilles licences (comme avec Halo, par exemple) pour tenir tête à la concurrence. Car j’imagine mal – mais ça n’engage que moi – que le jeunot de 13 ans qui a adoré Gears of War sur Xbox 360 ressente les mêmes effets à 23 ans avec Gears of War 4.
Site officiel de Gears of War 4
Le jeu sera disponible le 11 octobre 2016 alors n’hésitez pas à donner votre avis également quand vous aurez mis la main dessus, surtout si vous n’êtes pas d’accord avec moi !
A bientôt sur Sitegeek,
Musa
Les rois du gazon :
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Bande annonce :
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