Deathloop débarque sur PS5 et PC ce 14 septembre 2021. Si la période est propice à l’arrivée des licences AAA, elle peut aussi rimer avec nouveautés. Dans le jeu vidéo, la notion d’innovation se fait si rare qu’elle peut parfois faire peur. Néanmoins, avec Deathloop, les studios Arkane Lyon ont confectionné un petit chef-d’œuvre blindé de références, qui pourrait vous plaire.
Si vous aimez la science-fiction et les références 60’s, ce Deathloop vous prendra rapidement à la gorge. Le nouveau titre du studio d’Arkane Lyon, déjà à la plume pour la série Dishonored depuis 2012, vous propose une expérience à la première personne, en exclusivité sur PS5 et sur PC. L’exclusivité SONY tombera probablement dans une année, d’autant plus que la boite des développeurs Bethesda est depuis cette année la propriété de Microsoft. Néanmoins, avant d’en jouir à prix modique via le GamePass, j’ai sauté sur l’opportunité de m’y frotter sur PS5.
Deathloop : tout tourne autour d’une boucle
Des boucles comme au cinéma…
Dans Deathloop, le gameplay va s’articuler autour du scénario. Les notions contextuelles et la narration vont plus que jamais prendre le dessus sur les habituels concepts de skill, de réflexes ou de quelconques frames ennemies. Pour la petite leçon de British English, la “Deathloop” signifie boucle de la mort. La boucle fait référence à la boucle temporelle dans laquelle votre avatar est coincé. Elle est qualifiée “de la mort” car c’est à chacun de vos décès que votre boucle se réinitialisera.
Rien qu’avec ce concept, ce sont les grands classiques du cinéma qui sont titillés. D’autant plus quand après quelque secondes de jeu, vous vous rendez compte que votre personnage a pris la peine de laisser des messages utiles un peu partout dans les endroits que vous découvrez, probablement pour la 100ᵉ fois d’ailleurs. Pour les plus cinéphiles, la référence à Memento de Christopher Nolan ne pourra pas vous échapper. De plus, la direction artistique et les aspects Sci-Fi des mécanismes utilisés pour générer cette boucle vous baladeront entre d’autres classiques comme Un jour sans fin, Fringe ou encore Doctor Who.
…et des loops comme dans les jeux vidéo
En termes de jeux vidéo, on parlera plutôt d’un savoureux mélange entre Bioschock, Watchdogs, Dead Space et Zelda Major’s Mask, rien que cela ! Maintenant que le décor est planté, et que je vous ai bien hypé, évoquons l’intestin des mécanismes scénaristiques de Deathloop. Vous incarnez donc Colt, héro patibulaire et soliloquant, perpétuellement en interrogation sur sa réalité. Vous vous retrouvez perpétuellement échoué sur une plage. Ici, vous récoltez rapidement des objets afin de briser la boucle dont vous êtes prisonnier. Cette quête de boucle et d’identité s’arrête à chaque décès pour reprendre au même endroit. Lorsque vous parvenez à vous extirper de la scène introductive, le scénario ne tarde pas à se dévoiler.
Le but du héros est de visiter 4 zones sur l’île de Blackreef, à 4 moments de la journée, afin de défaire les vilains boss semblant être derrière cette machinerie diabolique. Au nombre de huit, ces visionnaires semblent nourrir le vil dessein de maintenir la boucle temporelle en place. Cette boucle reposerait sur une anomalie de l’île, qui leur confèrerait la vie éternelle. Votre autre pire ennemi semble être votre ex-copine. Elle va vous accompagner à certains endroits de l’aventure pour vous empêcher de briser la Deathloop ! Votre meilleur allié s’avère être vous-même et les indices que vous avez pris le soin de vous autofournir dans vos parcours précédents !
Direction artistique de génie cherche graphismes désespérément
Le don de faire passer l’art…
Exceptionnellement, j’ai envie de dissocier la créativité des designers et le niveau technique du produit final. En effet, ce Deathloop est un des plus beaux jeux que j’ai vus ces derniers temps. Cet éclat brille grâce à son univers léché, imprégné de la magie des 60’s mêlées aux effets spéciaux futuristes auxquels je faisais allusion en citant Dr Who ou Bioshock en intro. Cette esthétique anachronique demande une inventivité qui relève du génie.
À cet égard, Deathloop déchire tout. Les références sont si nombreuses qu’elles rendent hommage à un siècle de cinéma. Même si je ne peux pas toutes les citer, je me suis régalé en découvrant que Blackreef par exemple, est la même île que celle où se déroule l’intrigue du film de John Carpenter “The Thing” de 1982. La direction artistique tient du chef-d’œuvre.
… avant la technique.
Toutefois, la maitrise technique, bien qu’elle soit de très bonne facture, pêche parfois d’un manque de précision. Forcément, qui dit PS5, dit attente de fou furieux. Or ici, bien qu’on soit un cran au-dessus de ce qui est proposé sur la génération PS4 et Xbox ONE, on ne survole pas non plus le niveau à 1000 km. Par exemple, les temps de chargement annoncés comme rapides grâce à la très haute vitesse du DDS, sont relativement brefs oui, mais plus longs que dans les autres titres proposés sur PS5 en ce début d’année.
Les effets de Ray Tracing, de particules et de lumière sont sexy, mais ne proposent pas LE titre étendard référent développé pour démontrer toute l’étendue de la puissance des nouvelles machines. Chacun son job, me direz-vous. Par contre, la manette DualSense apporte les sons et les sensations de Blackreef au fur et à mesure des situations et le rendu est bluffant. Ces micros détails, qu’ils soient sonores ou tactiles, apporte un réel plus au plaisir ressenti in game.
Le Gameplay de Deathloop : La quintessence d’un genre
Un zeste de FPS…
Comme je vous le disais en intro, le gameplay va principalement reposer sur le scénario. Dans un premier temps, la prise en main vous initie aux mécanismes purement basiques du personnage. Ainsi, vous apprenez immédiatement à ramasser des objets, équiper les deux mains de votre personnage, améliorer les armes etc. Toutes ces aptitudes font dans l’archi-classique. L’inertie du héros et le maniement des armes fonctionnent parfaitement, comme la plupart des titres disponibles aujourd’hui. Donc, comme un bon petit gamer motivé, je me prépare à vivre une expérience comparable à un Tomb Raider ou à Uncharted.
Et pourtant, l’action va rapidement céder sa place à la récolte d’informations. En effet, même si les affrontements avec les sbires de l’organisation maléfiques AEON Programmes (c’est le nom des méchants) relèvent de l’agréable, ils vont vite devenir un souci. Le fait de foncer dans le tas, brandir vos guns et balancer des bastos dans tout ce qui bouge va juste précipiter une horde d’ennemis à vos trousses. Le carnage n’est pas loin. Du coup, la solution, comme le jeu vous le propose d’ailleurs très vite, sera de la jouer discret. Façon Metal Gear, vous devrez vous faufiler, souvent accroupi, afin de surprendre les ennemis un à un au couteau.
Une bonne dose d’espionnage
Cette approche, bien qu’elle ne soit pas née d’hier, va pourtant rencontrer tout ce qui fait la raison d’être de Deathloop. Votre but, est de récolter des informations, et surtout d’observer. La difficulté, en dosant votre discrétion va rapidement reposer sur votre mémoire et sur votre faculté à recomposer un puzzle temporel. Ces énigmes ont un objectif qui se dessine après 4 ou 5 heures de jeu : Abattre les huit visionnaires sur un seul cycle d’une journée.
Pour cela, il faudra dompter la timeline et trouver un moyen de les visiter tous. Étant donné qu’une journée est divisée en 4 moments précis, cela va relever du défi cérébral. C’est pile ici que soit vous allez tomber amoureux du gameplay, soit vous allez décrocher. Perso, j’ai juste A-DO-RÉ ! Le casse-tête a beau être frustrant, quand vous appréhendez la logique des développeurs et des scénaristes, vous vous rendez compte qu’ils ne se sont pas fichus de vous.
Une larme de Puzzle Time Game
Ce puzzle temporel va trouver son sens dans la gestion du temps et dans la récolte d’informations. Heureusement, les renseignements rassemblés ne disparaissent pas à chaque fois que vous mourrez. Les objets par contre vous abandonneront. Le jeu vous offrira un gadget pour vous permettre de mourir deux fois avant d’être emporté par la boucle, mais c’est très peu. Il faudra donc bel et bien y aller mollo.
Evidemment, si la réflexion, la patience et le temps ne sont pas de votre côté, vous risquez de vite crier au jeu casse-pied et au scénario trop perché. Mais mon conseil est clair, ne lâchez pas l’affaire. Autorisez-vous à entrer dans une expérience complétement dingue. Préparez le café, les chips, le thé glacé ou tout ce qu’il vous faut pour tenir le coup. Ensuite, profitez.
Conclusion : Deathloop rencontrera-t-il une audience à la hauteur de ses ambitions ?
On y est. Le studio français est parvenu à nous réconcilier avec l’innovation. Il a puisé dans les méandres de la science-fiction et dans les codes esthétiques 60’s pour créer un univers vertueux. Si l’ensemble ne brille pas pour sa vitrine technologique, il compense haut la main avec une direction artistique au top et un gameplay en fusion avec son scénario. Avis à toutes les âmes en manque d’expérience vidéoludique barrée et amphigourique, vous tenez votre petite perle de l’année.
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