Oh qu’est-ce qu’elle est bien aimée notre sorcière, mais surtout bien gaulée si je peux me permettre le calembour plus vraiment dans l’air du temps ! Mais bon, j’assume, puisque c’est bien de Bayonetta 3 dont je vous cause aujourd’hui !
Ne manquez pas mon test vidéo de Bayonetta 3 sur Vega TV.
Sorti ce 28 octobre 2022, le 3e opus de la licence Bayonetta fait peau neuve, en exclusivité sur Nintendo Switch, et toujours réalisé par Platinium Games. Les épisodes 1 et 2 ont littéralement marqué l’histoire du jeu vidéo, et l’héroïne Bayonetta est parvenue à inscrire son prénom au Hall of Fame des persos légendaires de notre chose vidéoludique.
Pour rappel, le 1er épisode était à l’époque, entre 2008 et 2009, sorti sur les consoles PS3 / Xbox 360, et développé par Sega. Ce n’est qu’en 2014 que Nintendo s’est offert l’exclusivité de la licence, avec le 2e épisode sur Wii U, ainsi qu’un portage du 1e épisode d’ailleurs.
Devenue un véritable fer de lance potentiel de la ludothèque Nintendo Switch, la sorcière porte sur ses épaules presque tout le poids de la pression de cette période automnale riche en sorties et en blockbusters. Ajoutez-y l’attente des fans qui réclamaient ce come-back depuis 8 ans, vous comprendrez à quel point elle est attendue au tournant, au milieu des Call of Duty MW2, God of War Ragnarok et autres ténors du marché.
Scénario – Bayonetta 3 ou Marvel, dis-moi qui est la plus belle ?
Marvel, Marvel, dis-moi qui est la plus belle ? Sérieusement, j’exagère, mais on sent que cette sorcière Bayonetta 3 surfe, sans complexe, sur la vague du multivers de Marvel, de la Sorcière rouge et de docteur Strange. C’est de bonne guerre, certes, mais gageons que cela reste tout de même vachement plus flou que dans les histoires de super héros.
En gros, vous incarnez toujours la Belle Bayonetta, qui semble vivre des jours paisibles à New York. Cette tranquillité est mise en péril par un mal mystérieux venu bousculer la réalité elle-même. Épaulée par la mystérieuse Viola, c’est en binôme que la Sorcière sexy s’en va-t’en guerre, traverser les multivers et faire la nique aux Homonculus, espèce de monstres synthétiques fabriqués par ce même mal énigmatique…
Ça, c’est le pitch, mais sur le fond pur et dur, le scripte de Bayonetta 3 est surtout bourré et très flou de cinématiques de transition. Ces cinématiques sont rébarbatives et très longues. D’autant plus qu’elles nourrissent davantage un prétexte à la bagarre, qu’une réelle trame digne d’intérêt. Mais bon, ça fait le job, essentiellement au vu des mensurations de la sorcière.
Gameplay de Bayonetta 3 – Contenu épique cherche équilibre
Bayonetta 3 brille par sa diversité…
Le Gameplay de la licence repose depuis toujours sur les mécaniques du beat’m all classique, à la Devil May Cry. Rien d’étonnant puisque pour rappel, le projet du premier épisode avait été dirigé par Hideki Kamiya, le père de la série Devil May Cry, autre standard du beat’m all 3D. Le génie est d’ailleurs toujours de la partie, même si la casquette du directeur principal revient à Yusuke Miyata, vous lui remettrez mon bonjour si vous le croisez dans le métro.
Bref, tout cela pour vous dire qu’en qualité de beat’m all, Bayonetta a pas mal évolué. On est passé de la licence un peu bourrine qui basait son gameplay sur les coups de poings, coups de pieds, et tir aux revolvers, à une licence plus foutraque. En effet, dans cet épisode 3, on obtient une espèce de super melting-pot de tout ce qu’on peut imaginer. Au-delà des coups classiques, vous pourrez dorénavant invoquer des démons. Ceux-ci sont gigantesques et vous permettent de lancer des attaques bien plus punitives que les vôtres. Ces bestioles télécommandées n’ont évidemment pas une capacité illimitée à tout défoncer. Leur utilisation est limitée par une jauge dédiée. Celle-ci se régénère durant vos combats, rassurez-vous.
… mais pêche par son aspect trop brouillon.
Sur le papier, c’est top. Mais dans les faits, c’est tellement brouillon que vous allez très souvent bourriner sur tous les boutons, machinalement, voire bêtement. Lorsque vous invoquerez l’un de vos démons, le résultat sera le même. On lui balance des ordres pour qu’il attaque à notre place. On positionne Bayonetta le plus loin possible, car durant ces invocations, elle est obligée de faire une danse ensorceleuse, la danse de la soumission… mwai. C’est surtout le la danse du flou artistique absolu.
Durant certains passages, vous incarnerez la jeune Viola, avec un gameplay assez différent. Accrochée à son katana qu’elle ne quitte jamais, la punk rookie aux origines que je ne vous révèlerai pas, déclenche son Witch Time grâce à des parades parfaites plutôt que via des esquives. Cela rend son contrôle un peu plus technique. De plus, son Démon à elle, a une taille un peu moins colossale que celui de Bayonetta. Cela permet une gestion moins brouillonne. Son Démon est d’ailleurs bourré de clins d’œil puisque Chouchou (c’est son nom) est une interprétation du chat d’Alice au Pays des Merveilles, et aussi une référence au premier épisode de la série.
On attend la version remastérisée pour murmurer au chef-d’œuvre !
Au creux de ce melting-pot viennent s’ajouter des passages à toutes les sauces, en passant des scènes de rail shooting à dos de Kaiju, par des phases d’exploration, des combats en vs fighting et des passages en 2D classique. Sincèrement, j’ai aimé cette variété, mais le tout s’enchaine avec une telle frénésie, que cela en devient peu lisible. On n’a pas le temps d’appréhender les tenants et les aboutissants de chaque phase, avant qu’elle ne soit déjà clôturée. De surcroit, la réalisation technique, avec une caméra complètement à la ramasse, vient malheureusement ternir encore un peu plus ce tableau bien inspiré, mais pas tant maitrisé que cela.
Technique – La taille, évidemment que ça compte !
Artistiquement, c’est somptueux…
S’il est des jeux qui font la vitrine technologique d’une console en début de vie, il y en a d’autres qui viennent davantage mettre en lumière les carences de celle-ci en fin de vie. Et Bayonetta appartient à cette deuxième catégorie. Le chara-design est exceptionnel. La sorcière de l’Umbra elle-même est magnifique. Elle appartient, certes, à une génération de personnages moins bien accueillie par les esprits défenseurs de l’image de la Femme, mais force est d’admettre qu’elle déboite ! Les autres personnages jouissent des mêmes atouts stylés, qu’il s’agisse de Jeanne, de Viola ou de Rodin, le Black au top semblant tout droit sorti de Saints Row. Les démons, espèce de Kaiju, qu’ils soient bons ou mauvais, sont, eux aussi, super bien inspirés.
Les chorégraphies, les musiques, les switch entre les différents univers, et même la voix, oh combien polémique, de Bayo, tout ça déchire.
… mais techniquement, c’est limite !
Cependant, car il y a un cependant, tout cela est très mal tricoté. Assurément, le titre s’offre la fluidité de tourner en 60 fps / seconde, c’est agréable, mais qu’est-ce que c’est moche ! Ok, on joue sur Switch, mais en 2022, je suis navré de vous dire que c’est laid.
La caméra ne parvient pas à suivre vos ébats, elle décroche et elle filme le ciel. J’ai cru à un effet de style dans les premières minutes, mais malheureusement, c’est bien d’une lacune technique qu’il s’agit. Les visages des personnages, même s’ils ont le potentiel de tout faire péter, rappellent des graphismes d’il y a une décennie.
Les animations des mondes en mouvement et ultra-agités souffrent du même manque de précision et de maîtrise. Quel dommage. Le jeu repose sur l’explosivité et le côté oppressant des enchainements sans répis. Néanmoins, avec un niveau technique si basique, on nage en plein bordel.
En fait, le jour où Nintendo sortira sa prochaine console, on peut déjà parier tous nos Nintendo Points qu’ils nous ressortiront une version soi-disant « remastered ». Elle ne reflètera finalement que la version qu’on aurait dû nous servir aujourd’hui, dans des conditions dignes de cette fin d’année 2022.
Conclusion – Bayonetta 3, ce brouillon d’un bijou
Bayonetta 3 est acclamé par la critique depuis quelques jours. Néanmoins, s’il a pu se construire une telle bonne réputation, c’est qu’il est bien posé sur les épaules des deux premiers opus, bien mieux calibrés. Ce 3e épisode va emballer les fans de la première heure, car il prolongera leur plaisir. L’amour rendant aveugle, nombreux seront les admirateurs admiratifs, et c’est tant mieux. Je crains par contre très fort que les esprits non-initiés, aux 60-90-60 de la belle brune, ne succombent aucunement sous son charme au vu de son rendu brouillon et parfois, voire trop souvent, dépassé par sa propre furie. Comme dit le proverbe, sorcière bien gaulée, ne rime pas toujours avec sorcière bien aimée…
N’hésitez pas à nous dire en commentaire ce que vous pensez de cet épisode. En attendant, je vous dis à très bientôt sur SITEGEEK
Vega
Graphismes - 6.5
Scénario - 7
Jouabilité - 7.5
Plaisir du testeur - 6.9
7
Une suite bourrée de bonnes idées, avec des personnages au top. Néanmoins, la réalisation et les limites de la Switch ternissent cette trop belle fresque pour les épaules de la console de Nintendo.