Dungeons & Dragons 5 – Kit d’initiation est la boîte d’initiation éditée par Gale Force Nine et distribuée par Black Book Éditions aux couleurs du plus célèbre jeu de rôle. Sortie en mars 2018, ce kit s’avère bien maigre en contenu, avec un livret de règles de 32 pages et un livret de campagne de 63 pages.
“Aujourd’hui, MJ a décidé de chaperonner des débutants en leur proposant…
MJ d’une voix théâtrale : … Dungeons & Dragons ! *puis en reprenant un ton ordinaire* … ou D&D, pour les habitués.
Les 3 PJ en tout cas ont des étincelles dans les yeux, voulant absolument découvrir le père de tous les jeux de rôle.
PJ 1, surexcité, lève la main mais n’attend pas qu’on lui donne la parole et enchaîne : “Euh… dites, dites… on va se battre contre un dragon ?
MJ sourit avec condescendance face à cette question si typique et s’apprête à répondre mais PJ 2 l’interrompt.
PJ 2, tout aussi excité : Oh oui oui ! Un dragon… Et puis moi, je voudrais jouer un mage, je peux envoyer des boules de feu et faire tomber la foudre ?
MJ, un peu moins souriant, s’apprête à répondre mais c’est PJ 3 qui s’y met.
PJ 3 ouvre grand les yeux et la bouche, inspiré par ses camarades : Oh ouais ! Trop bien, et moi j’veux être un nain guerrier fils de roi, avec une armure de plates dorée et une hache forgée dans un volcan !
MJ, qui commence à être agacé, s’immisce vite : Non mais… Attendez… C’est pas comme ça que…
PJ 1, les yeux écarquillés d’enthousiasme, au bord de l’extase, enchaîne en ignorant MJ : Mais trop bien ! Un nain guerrier avec une hache magique, un mage qui contrôle la foudre… Et moi… *réfléchit puis trouve son idée et sursaute sur sa chaise* Et moi j’vais être un elfe de la forêt, avec son loup et capable de comprendre et contrôler les arbres !
Les 3 PJ regardent MJ avec leurs grands yeux.
MJ réalise qu’ils sont prêts à jouer et, déjà fatigué, répond : Non mais les gars, c’est pas comme ça que ça marche ! Vous êtes niveau 1 ! Toi t’es un nain tout naze avec une hache rouillée, toi t’es un mage qui sait à peine envoyer un p’tit projectile magique à la con à 1D4 de dégâts et toi, t’es un elfe et tu vois dans le noir, c’est tout. Vous êtes pas prêts pour affronter un dragon, donc vous vous taperez des petits gobelins et éventuellement des orcs. C’est compris ?!
Silence.
PJ 1, qui se rassied : ‘Tain en fait c’est nul, D&D !
MJ : …”
On décortique D&D5 – Kit d’initiation
Dès la couverture du livret de règles, le kit d’initiation D&D5 nous propose un sommaire des quatre chapitres ainsi que de l’annexe composant ses 32 pages. Reprenant la superbe illustration du scénario, le livret de règles D&D5 contient :
- Chapitre 1 : Comment jouer (6 pages), qui ressasse le sempiternel “qu’est-ce qu’un jeu de rôle ?”, donne des exemples de mise en situation, explique comment on joue, et passe directement au coeur du système, avec ses caractéristiques, ses avantages et désavantages, ses tests ou encore ses jets de sauvegarde ;
- Chapitre 2 : Le Combat (6 pages), comme son nom l’indique, sur les règles de combat, en commençant par l’ordre et en enchaînant avec les très nombreuses nuances du système, comme les actions en combat, les mouvements, la portée, la couverture, les dégâts, les soins, etc. ;
- Chapitre 3 : Partir à l’aventure (6 pages) s’intéresse à l’exploration et au voyage, à l’équipement, à l’argent et à la progression ;
- Chapitre 4 : Les Incantations (12 pages) décrit très brièvement les modalités liées à la magie, à savoir le lancement d’un sort, sa durée, ses cibles et les autres subtilités concernées, avant de proposer une liste de plus de 50 sorts de magicien ou de clerc.
Le livret de règles se termine par les crédits, suivis de l’annexe décrivant avec plus ou moins de détails les états tels que aveuglé, empoisonné, neutralisé et une dizaine d’autres.
Matériel : Quoi, c’est tout ?!
Clairement le point le plus décevant de la boîte d’initiation : son matériel excessivement pauvre. Comparaison n’est peut-être pas raison mais pour rappel, la boîte de Chroniques Oubliées (de Black Book Éditions) proposait des prétirés illustrés et en couleurs, un gros bloc de fiches colorées, un écran, une carte avec surface de jeu effaçable, des dés et une flopée de pions cartonnés. Le tout accompagné de quatre scénarios qui forment une petite campagne ainsi qu’un livret de règles. Pour 7 euros de moins, le kit D&D5 se contente des dés et de deux livrets ainsi que de cinq prétirés. C’est pas ouf, comme dirait l’autre.
Le pire dans tout ça, c’est qu’on a la désagréable impression que l’éditeur savait que sa boîte pourrait susciter ce genre de réactions. En effet, sous le contenu maigrichon du kit se trouve un faux fond en carton… Un faux fond ! Comme s’il s’était dit que la boîte était en fait trop grande pour le contenu proposé. Difficile du coup de jauger le “matériel”, même si les fiches sont très pratiques car conçues pour les différentes classes. Idem pour la fiche vierge supplémentaire en papier glacé. Quant aux dés… Ben, ce sont des dés, quoi ! Il ne faut toutefois pas s’arrêter au matériel parcimonieux du kit de D&D5 car celui-ci dispose d’un atout dont je parlerai plus loin.
Design & lisibilité : Toujours du magnifique travail injustifié
Il faut vraiment que Gale Force Nine lise mes critiques ! (Comment ça, je suis mégalo ?!) En 2018, proposer du contenu lisible sans justifier son texte, c’est juste pas possible. On ne justifie pas un texte pour faire joli mais parce que cela donne de la structure au texte et en facilite la lecture. Mais comme pour le Monster Manual et le Guide du Maître, c’est bien le seul défaut que je peux trouver au design. Enfin, ça et la taille de la police qui aurait bien mérité deux points supplémentaires. Hormis ces détails, le kit D&D5 est à l’image du reste de la gamme. Du beau papier glacé, de magnifiques illustrations (peu nombreuses, cela dit), des tableaux riches en informations et une répartition des informations efficace. Inutile donc de s’attarder sur ce point.
Système de jeu : Bon ben c’est D&D5, quoi !
Quand j’ai feuilleté pour la première fois le kit d’initiation D&D5, j’étais perplexe. Je me suis dit que pour de l’initiation, ça restait assez dense et complexe (quand on compare à Chroniques Oubliées, par exemple). Mon confrère Cédric (qui avait testé Dragons) m’a cependant proposé une réflexion tout à fait pertinente. Le but de ce kit n’est pas forcément d’initier au jeu de rôle mais bien à Dungeons & Dragons. La nuance peut paraître anodine, elle ne l’est pas. Du tout, même ! C’est pourquoi le livret de règles reprend, dans les grandes lignes, les règles du jeu original avec de nombreux sous-paramètres. Cela implique donc un minimum d’expérience en matière de jeu de rôle.
Je ne recommande pas ce kit à des néophytes mais au moins à des post-débutants qui ont goûté à plusieurs jeux et souhaitent se plonger davantage dans le pionnier du jeu de rôle. La lecture des règles s’en verra facilitée, sans compter que cette cinquième édition a déjà nettement simplifié ses mécanismes depuis l’édition 3.5 (déclinée aujourd’hui dans Pathfinder). Pris sous cet angle, le kit d’initiation D&D5 s’avère déjà nettement plus opportun. Enfin, est-il nécessaire de détailler les règles ? Je pars du principe que les lecteurs de cette critique les connaissent. On lance un D20 et on ajoute ou soustrait le modificateur au résultat afin que celui-ci soit égal ou supérieur du degré de difficulté. Ce sont les subtilités qui rendent le système plus complexe mais impossible de les détailler ici.
Scénario : Phancreux à la rescousse !
Si le coup du matériel passe mal, le scénario disponible dans le kit d’initiation D&D5 sauve l’honneur ! La Mine Oubliée de Phancreux (Lost Mine of Phandelver en VO) se distingue des scénarios sommaires et insipides, typiques des boîtes d’initiation (à quelques exceptions près). Il s’agit d’une véritable campagne se déroulant sur plusieurs sessions de jeu, avec la possibilité de monter au niveau 5. Les connaisseurs savent qu’atteindre un tel niveau requiert un certain temps.
Et ce temps sera passé au gré d’une écriture réussie. Attention, on reste dans du med-fan relativement classique avec un mystère, une intrigue, des donjons, des gobelins et du loot. Mais dans ce canevas classique, La Mine Oubliée de Phandelver propose des rebondissements intéressants, un petite dose de mystère, du lore et des PNJ assez charismatiques (enfin, ça dépend aussi un peu du MJ…). Le tout étalé sur plus de 60 pages, dont 50 entièrement consacrées au scénario. Vu le temps de jeu promis, on peut pardonner le prix qui semblait prohibitif à la vue du matos (heureusement !).
Conclusion : Pour les candidats MJ de D&D
Après un premier contact très mitigé, la faute à un matériel peu consistant, le kit d’initiation D&D5 constitue un investissement intéressant pour un certain public. À mon sens, conseiller ce kit à des débutants en matière de JDR risque de rebuter ces derniers. Il s’adresse davantage à des joueurs qui ont déjà fait leurs premières armes. Un achat également utile pour les MJ en herbe qui ne sauraient par quel bout commencer, vu le contenu très dense des trois bouquins de base. Mais même sa campagne intéressante et relativement longue ne pourra empêcher certains de se dire que le contenu est maigre pour le prix proposé.
À bientôt sur Sitegeek,
Musa
Verdict
Matériel
Design et lisibilité
Système
Scénario
Black Book a bien raison de séduire les post-débutants avec ce kit d'initiation du grand et fameux Dungeons & Dragons. Mais ça reste un peu cher pour ce que c'est...
La justification d’un texte ne le rend pas plus lisible, au contraire l’espace irrégulier entre les mots accroit la fatigue lié à la lecture du texte. C’est d’ailleurs un vrai calvaire pour les personne dyslexiques.
Une lecture intéressante sur le sujet : https://www.sec.gov/reportspubs/investor-publications/newsextrahandbookhtm.html
Bonjour,
Merci pour cette critique. Que conseilleriez-vous pour une personne souhaitant débutant D&D mais n’ayant absolument aucune expérience de JdR ? Ce kit vaut-il quand même la peine ou faut-il d’abord se diriger vers autre chose ?
Merci d’avance :)
grosChat